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  • Méditation du 29 mars 2021, Lundi saint

    Jean 12, 1-11

    Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie où se trouvait Lazare qu'il avait relevé d'entre les morts. 2 On y offrit un dîner en son honneur : Marthe servait tandis que Lazare se trouvait parmi les convives. 3 Marie prit alors une livre d'un parfum de nard pur de grand prix ; elle oignit les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux et la maison fut remplie de ce parfum. 4 Alors Judas Iscariote, l'un de ses disciples, celui-là même qui allait le livrer, dit : 5 « Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? » 6 Il parla ainsi, non qu'il eût souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, chargé de la bourse, il dérobait ce qu'on y déposait. 7 Jésus dit alors : « Laisse-la ! Elle observe cet usage en vue de mon ensevelissement. 8 Des pauvres, vous en avez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours. » 9 Cependant une grande foule de Juifs avaient appris que Jésus était là, et ils arrivèrent non seulement à cause de Jésus lui-même, mais aussi pour voir ce Lazare qu'il avait relevé d'entre les morts. 10 Les grands prêtres dès lors décidèrent de faire mourir aussi Lazare, 11 puisque c'était à cause de lui qu'un grand nombre de Juifs les quittaient et croyaient en Jésus.

    Le texte de méditation de ce premier jour de la semaine sainte fait mention des faits qui se sont déroulé six jours avant la Pâque, cette fête nationale juive à laquelle tout le peuple était convié.  Cette année plus ou moins 30 Ap JC, la fête aura une signification particulière aussi bien pour Jésus que pour ceux qui l’ont suivi, car juste avant elle sera marquée par une crucifixion dont l’une des conséquences sera plus tard sur une scission au sein du judaïsme.

    Jésus jusqu’alors comprend tout seul ce qui l’attend. Il l’a dit et répété à ses disciples, mais ces derniers ne sont pas disposés à intégrer ce qui se situe au-delà de leurs attentes. Il y a donc d’une part un Jésus qui dit des paroles et pose des gestes liés à sa mort et sa Résurrection proche, d’autre part il y a des disciples et des personnes qui n’y comprennent rien, qui posent des actes qui ont un sens pour eux, mais que Dieu utilise pour accomplir sa Volonté en rapport avec l’événement qui attend son Fils. Il en est ainsi de Marie de Béthanie, la sœur de Lazare qui avait été ressuscité par Jésus.

    Cette famille accueille Jésus avec d’autres personnes qui ne sont pas explicitement nommées. En marge du souper, Marie selon l’évangile de Jean, oint les pieds de Jésus avec un parfum de grande valeur et l’essuie avec ses cheveux. Le geste de Marie se présente comme un double scandale : l’extravagance du gaspillage et le geste choquant de défaire ses cheveux et les laisser tomber en présence d’un homme autre que son mari.

    La réaction de Judas est très dure : c’est du gaspillage, il vaut mieux penser aux pauvres ! L’évangéliste Jean nous donne deux informations importantes : Judas est celui des disciples qui trahira Jésus (V4) ; il est un voleur (V6). En nous donnant ces deux informations, il oriente notre interprétation de l’attitude de Judas face à l’utilisation du parfum coûteux : en effet, Judas n’est pas digne de confiance, il n'a aucune compassion pour les pauvres, mais il prend l’argument des pauvres pour justifier ce qu'il veut. 

    Marie quant à elle ne comprend pas elle-même le sens de son geste. Cependant, son onction de Jésus a une signification au-delà de sa compréhension. Son extravagance ponctuelle est appropriée, car elle prépare le corps de Jésus pour l'enterrement. Comment donc comprendre face à cette approbation de Jésus, l’intérêt du geste de Marie aujourd’hui, et surtout dans les rapports que nous entretenons avec nos proches, et même avec les autres humains ? Rien ne doit pouvoir nous freiner lorsque nous sommes spontanément poussés à poser des actes de dignité envers les autres, de la même manière que nous les posons au nom de notre engagement de foi au Seigneur Jésus-Christ.

    Comment honorons-nous nos défunts aujourd’hui ? Nous organisons les enterrements avec respect et enthousiasme. Les jours des funérailles, nous faisons les choses de façon plus grandiose que les autres jours, nous achetons des fleurs les plus coûteuses, tout en sachant qu’elles pourriront si elles sont naturelles, et seront peut-être abandonnées dans un coin si elles sont artificielles. En louant le geste de Marie, Jésus laisse entendre qu’il y a des responsabilités qu’il faudrait assumer au moment opportun, il y a des choses qui n’ont plus tout leur sens et qui ne seraient plus tellement utiles lorsque le moment opportun est passé. Et le moment opportun, c’est du vivant de la personne que nous honorons : il faudrait donc veiller à ce que ce moment opportun ne se passe pas sans que nous ne nous mobilisions, sans que nous ne manifestions d’une manière ou d’une autre notre enthousiasme envers les autres, avec ce qui pour nous est la chose ou l’attitude la plus précieuse.

    Chaque personne a une chose précieuse à donner, une attitude précieuse à manifester.  La meilleure préparation à la sépulture des proches et des personnes que nous aimons bien, commence de leur vivant. S’agiter après la mort d’un proche alors qu’il a été méprisé et abandonné au moment opportun, au moment où il avait besoin de notre affection est insuffisant. Les gens rassemblés autour d'un cercueil souhaitent souvent avoir fait les choses différemment. On regrette de n’avoir pas parlé au défunt de son amour, de ne s’être pas excusé, de n’avoir pas aidé. Le jour des funérailles est trop tard. Marie cependant, a saisi le moment opportun, elle a fait le grand geste pendant que Jésus est encore vivant pour en faire l'expérience.

    Il vaut mieux développer une pensée et une attitude de paix avec nous-même et avec les autres  pendant que nous sommes en vie, car cela nous permettra de mieux faire nos adieux aux autres humains lorsque nous les quittons, ou encore lorsqu’ils nous quittent. 

    Notre opportunité de nous engager et de servir le Seigneur se terminera également. À un moment donné, il sera trop tard. Aujourd’hui, nous pouvons encore saisir le moment opportun pour croire et pour le servir en aimant nos semblables et en devenant des agents de paix pendant que nous sommes encore en vie. Amen.

    Prière

    Seigneur, apprend-nous à mieux nous aimer pendant que nous sommes encore de ce monde, au nom de Jésus-Christ qui est mort pour que nous comprenions ce qu’est l’Amour. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du 22 novembre 2020

     Matthieu 25,31-46

    L’image contemporaine de la pratique chrétienne, dans un certain nombre de traditions ecclésiastiques laisse perplexe : comme on peut l’observer sur les réseaux sociaux, ce sont des chrétiens torturés, fouettés, à qui ont fait scander des paroles qu’eux-mêmes ne comprennent pas ; ce sont des chrétiens que l’on oblige à se jeter au sol, à qui on apprend à pousser des cris stridents, qui se laissent abusés, qui sont poussés à quitter leurs familles indexées comme étant l’incarnation du diable, des personnes sur le dos desquelles qui on s’enrichit. Il s’est développé depuis des décennies, un christianisme exubérant qui divise pour s’établir, qui développe la haine de l’autre, et qui stigmatise, alors que celui au nom duquel toutes ces exactions sont commises est présenté dans la Bible comme le Prince de la paix.  C’est le Christ dont les peuples se préparent à célébrer la Venue, au moment où le monde entier ploie sous les ténèbres d’une pandémie qui n’a pas fini de révéler des surprises.

    L’exubérance de certaines traditions et de certains responsables religieux qui entretiennent la misère des chrétiens et des peuples amène à se poser des questions sur la signification profonde de la foi : la foi est-elle quelque chose d’extraordinaire, d’absurde et d-incompréhensible qui n’a rien à voir avec la réalité de la vie ?

    En ce dernier dimanche de l’année ecclésiastique, le calendrier liturgique nous propose un texte très particulier (Matthieu 25,31-46) qui se rapporte au jugement dernier. Selon l’évangéliste, le jugement dernier, c’est le moment de l’évaluation où les choses apparaitront au grand jour. On verra alors s'établir clairement, la différence entre ceux qui ont été chrétiens, et ceux qui ne l’ont pas été; ceux qui ont réellement été au service de Dieu de ceux qui ont été des mercenaires. Ce texte de Matthieu est une véritable révélation, dans la mesure où il met en lumière la manière selon laquelle le Seigneur glorieux attend que les chrétiens manifestent leur croyance. En effet, la foi chrétienne est une vie, elle se passe sur terre et non dans les airs ou des lieux inconnus et invisibles, tout se joue dans l’interaction des humains et non le contraire : le christianisme est une vie !

    34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. 35 Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger et vous m'avez recueilli ; 36 nu, et vous m'avez vêtu ; malade, et vous m'avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.” (…) “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ! ” 41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. 42 Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire ; 43 j'étais un étranger et vous ne m'avez pas recueilli ; nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.”

    Selon l’évangéliste, Jésus ne demande pas aux humains de réaliser des choses impossibles ou extraordinaires, mais il révèle une pratique religieuse qui se cristallise dans un rapport de personne à personne définit autour de six choses vitales, simples et concrètes : la nourriture, la boisson, l’hospitalité, les vêtements, les soins infirmiers et les visites. Chaque personne a le potentiel d'offrir ce genre de miséricorde. Il n'est pas nécessaire d'être riche pour partager son bout de pain et son verre d’eau avec une personne affamée. On n’a pas besoin nécessairement d'être infirmier pour aider une personne malade. Il ne faut pas nécessairement être consacré pour visiter un prisonnier. Auparavant, Jésus a dit à un homme riche de vendre tout ce qu'il avait et de donner l'argent aux pauvres (19,21), mais il n'y a pas une telle demande ici. Les critères du jugement mettent le salut à la portée de chaque être humain. Ils n'exigent pas de grands sacrifices de la part de celui qui donne, mais ils soulagent une grande douleur pour celui qui reçoit, tout en procurant la paix à celui qui exerce ainsi sa foi.

    A quoi bon prier des nuits entières et jeter ses restes de nourriture à la poubelle, ou encore de mourir d’obésité si on est indifférent vis-à-vis du prochain qui passe la nuit affamée ? Où est la foi chrétienne si on ne peut pas se lever et dire sa colère lorsque des peuples entiers, sur le sol desquels coulent de grands fleuves ne peuvent pas avoir de l’eau à boire ?

    C’est quoi être chrétien aujourd’hui ? Le Christ n’est-il pas étranger à ce que plusieurs de ses suiveurs ont fait de son Evangile ? Que le Seigneur nous parle dans nos cœurs et nous aide à répondre à son appel.

    Par Jésus-Christ, le Prince de la paix qui vient Amen.

    Prière

    Je ne veux, Seigneur, ni or ni argent.

    Donne-moi une foi ferme et inébranlable.

    Je ne cherche, Seigneur, ni plaisirs, ni joies de ce monde.

    Console-moi et affermis-moi par ta sainte Parole.

    Je ne demande pas honneurs et considération du monde.

    Ils ne peuvent en rien me rapprocher de toi.

    Donne-moi ton saint Esprit.

    Qu'il éclaire mon cœur, me fortifie et me console dans mon angoisse et ma misère.

    Garde-moi jusqu'à la mort dans la vraie foi et la ferme confiance en ta grâce. Amen

    (Prière de Martin Luther 1483 – 1546)

    Pasteure Priscille djomhoue

  • Méditation du 15 novembre 2020

    1 Th 5, 1-6

    Quant aux temps et aux moments, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive. 2 Vous-mêmes le savez parfaitement : le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. 3 Quand les gens diront : « Quelle paix, quelle sécurité ! », c'est alors que soudain la ruine fondra sur eux comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. 4 Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. 5 Tous, en effet, vous êtes fils de la lumière, fils du jour : nous ne sommes ni de la nuit, ni des ténèbres. 6 Donc ne dormons pas comme les autres, mais soyons vigilants et sobres.

    Les messages alarmants venant de tout bord n’ont pas cessé de se multiplier depuis le 2ème confinement, dont les caractéristiques ne sont pas semblables au premier. Si les citoyens se sont laissés confiner avec beaucoup de bonne volonté, c’était avec la conviction que la crise était passagère et que la bonne saison pointait à l’horizon : l’arrivée du printemps et de l’été.

    Les applaudissements signes d’encouragement du personnel soignant ont laissé la place à la tristesse et à une multiplication de questions, devant une situation qui de plus en plus déstabilise beaucoup. En tant que chrétiens, avons-nous de bonnes raisons de nous décourager au point de nous laisser envahir par des idées obscures ? Laissons-nous guider par cette réponse de l’apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique, face à l’inquiétude de la mort.

    Tous, en effet, vous êtes fils de la lumière, fils du jour : nous ne sommes ni de la nuit, ni des ténèbres.  Donc ne dormons pas comme les autres, mais soyons vigilants et sobres.

    Le quatrième chapitre de la première épître de Paul aux Thessaloniciens met en avant les préoccupations des croyants parmi lesquels circulait l’idée que ceux qui sont mort avant la seconde venue du Christ ne feraient pas partie de la résurrection. Paul les rassure en disant : « Car si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, de même Dieu amènera avec lui ceux qui se sont endormis en Jésus » (4,14).  Le chapitre 5 continue cette discussion sur la seconde venue du Christ, mais du point de vue de ceux qui seront vivants au moment de la venue du Christ.

    Quant aux temps et aux moments, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive. Vous-mêmes le savez parfaitement

    Paul croit que les croyants de Thessalonique ont reçu une instruction suffisante concernant le jour du Seigneur pour ne pas avoir besoin d'une instruction écrite. Mais il écrit quand même, car l'instruction écrite est moins susceptible d'être oubliée ou mal comprise que l'instruction verbale. L'enseignement écrit permet également une exactitude difficile à atteindre dans l'instruction verbale. Plus l'instruction est complexe, plus l'instruction écrite devient utile.

    Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit (v. 2).

    Le Jour du Seigneur sera un événement de la fin des temps, qui apportera le jugement aux coupables et la délivrance aux fidèles. Nombreuses sont dans les prophètes, les références au jour du Seigneur (Es13, 6, 9; Jr 46,10; Ez 1, 5; 30, 3; Jl 1,15; 2, 1. 11. 31; 3, 14; Am 5,18, 20; Ab1,15; So1, 7, 14; Ml 4, 5). La plupart de ces références mettent l’accent sur la colère de Dieu, mais certaines incluent également une note de justification. Paul dira que Dieu « remboursera l'affliction à ceux qui vous affligent, et vous soulagera » (2 Thessaloniciens 1:

    Pourquoi la métaphore du voleur ? Les voleurs ne signalent pas qu'ils arrivent. Ils frappent quand on s'y attend le moins pour que personne n'interfère avec leur vol. Ils préfèrent la nuit, lorsque l'obscurité couvre leurs allées et venues et que les victimes involontaires dorment. Le jour du Seigneur est semblable à cette situation, il arrivera à un moment inattendu. Il est donc important de se préparer à sa venue car, une fois que le Seigneur est venu, le sort des gens est scellé. Pour les fidèles, ce sera un jour de confirmation, mais pour les infidèles, ce sera un jour de jugement (Mt7,21-23 ; 11, 20-24; 24, 15-51; 25, 1-46) . Voilà pourquoi les fidèles ne doivent pas avoir peur.

    La condamnation sera alors réservée aux fossoyeurs : ceux qui disent paix et sécurité alors qu’il n’y a pas de paix (Jr6,14). Il faudrait donc se garder de se tromper soi-même, en refusant de voir la réalité en face, car il y a le risque de revivre l’expérience de Noé ( Gn 5-11) : au temps de Noé avant le déluge, les gens ne se souciaient de rien, n’écoutaient pas : indifférents, ils mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, jusqu'au jour où Noé est entré dans l’arche, et que le déluge les engloutisse. Ainsi sera la venue du Fils de l'homme (Mt 24,37-39). On aura l’image des personnes, soudainement alarmées, qui cherchent une issue et qui n'en trouvent aucune. Mais ce n’est pas le message principal de Paul. Il souligne que, pour ces croyants de Thessalonique, le jour du Seigneur sera un jour de salut plutôt que de jugement :

    Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur (v. 4).

    La lumière et les ténèbres sont utilisées dans l'Ancien et le Nouveau Testament comme métaphores du bien et du mal - ordre et chaos - sécurité et danger - joie et douleur - vérité et mensonge - vie et mort - salut et condamnation (Es 5,20 ; Jn 3, 19-21 ; 2 Co 4, 4; Ep. 4, 17-18). Pour Paul, les croyants de Thessalonique n’ont rien à craindre, car ils ne vivent pas dans les ténèbres. Ils ne sont pas non plus engagés dans des activités sombres, telle que le vol et le mensonge, ce qui leur donne de voir la réalité en face. En tant que croyants, ils s'engagent à aimer Dieu et leur prochain. Par conséquent, le jour du Seigneur ne les surprendra pas comme un voleur, et de façon soudaine.

    Il y a donc d’une part, l'image du peuple des ténèbres se trouvant soudainement abattu par les puissances des ténèbres - un destin qu'ils n'avait pas imaginé possible et pour lequel il ne s’est pas préparé. D’autre part, ces croyants de Thessalonique qui n'ont pas à craindre un tel sort, car ils vivent dans la lumière (v. 5). Paul lie leur sécurité à leur identité, ce sont des enfants de la lumière et des enfants du jour. Ceux qui sont de la lumière ne peuvent pas aussi être des ténèbres. C'est une image puissante, car la lumière ne peut pas coexister avec les ténèbres. La lumière même d'une petite bougie dissipera l'obscurité dans une grande pièce. Dans un conflit entre la lumière et les ténèbres, la lumière prévaudra.

    Alors ne dormons pas, comme le font les autres (v. 6a). Paul utilise ici le mot dormir métaphoriquement. Nous devons dormir physiquement, mais nous ne devons pas nous laisser bercer par l'apathie spirituelle. L’apathie est un état d'indifférence à l'émotion, à la motivation ou à la passion. Une personne apathique manque d'intérêt émotionnel, social, spirituel, philosophique, parfois accompagné de phénomènes physiques. Il peut aussi se montrer insensible vis-à-vis d'autrui. Vivons donc dans un état de préparation spirituelle, prêts à relever des défis spirituels, prêts à parer le tentateur, prêts à défendre la foi de deux manières : éviter l’intoxication, et veiller sur notre comportement que nous associons à la sobriété, la maîtrise de soi, au jugement sain, à la discrétion, la fiabilité et aux décisions étudiées.  Amen.

    Prière   (Faisons nôtre cette prière prise de la collection (Guide Pratiques Notre Temps), Au-delà de la solitude. Le texte n’est pas signé.)

    Seigneur, tu étais là hier, tu seras là demain, marchant mystérieusement à nos côtés, nous attendant, nous précédant. Ouvre nos yeux pour que nous discernions ta présence dans nos vies. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoue

  • Méditation du 8 novembre 2020

    Méditation du 8 novembre 2020

                   Jérémie 29, 11-14

    11 Moi, je sais les projets que j'ai formés à votre sujet — oracle du SEIGNEUR —, projets de prospérité et non de malheur : je vais vous donner un avenir et une espérance. 12 Vous m'invoquerez, vous ferez des pèlerinages, vous m'adresserez vos prières, et moi, je vous exaucerai. 13 Vous me rechercherez et vous me trouverez : vous me chercherez du fond de vous-mêmes, 14 et je me laisserai trouver par vous — oracle du SEIGNEUR —, je vous restaurerai, je vous rassemblerai de toutes les nations et de tous les lieux où je vous ai dispersés — oracle du SEIGNEUR —, et je vous ramènerai à l'endroit d'où je vous ai déportés.

     

    Je me laisserai trouver par vous.

    Nous expérimentons plutôt un couvre-feu, un confinement, une obligation de télétravailler pour beaucoup, et une peur bleue de l’être vivant le plus petit au monde. Est-ce donc normal de méditer sur le texte de Jérémie aujourd’hui ? Etat d’urgence sanitaire, état d’urgence économique, état d’urgence politique pour beaucoup de pays, état d’urgence sécuritaire, état d’urgence socio-culturel : que vient faire Jérémie dans une crise inédite qui au 21e siècle embrase toute la planète ? Quelle expérience de Dieu faisons-nous dans cette crise ?

    La parole de Dieu rapportée par le prophète Jérémie, est adressée au peuple de Juda qui se trouve en exil à Babylone. C’est une histoire de crise spectaculaire dont les conséquences ont plongé le peuple dans une léthargie assimilable à une crise sanitaire, ferment du désespoir : vers la fin du 7e siècle AV JC, alors que le royaume d'Israël a déjà disparu, le petit reste de Juda bascule sous l'occupation babylonienne. Au cœur de la misère du peuple, ce message de Jérémie retenti : " J'interviendrai pour vous, j'accomplirai ma parole, je connais mon projet pour vous, vous me chercherez et vous me trouverez car vous me chercherez de tout votre cœur, je me laisserai trouver par vous. "

    La grâce de Dieu se fait présente au cœur de la crise. Il n’y a pas de raison de désespérer et de tout abandonner. L’urgence est celle de l’action, de la mobilisation vers Dieu. Il faut se réinventer pour rester debout, et l’Esprit de Dieu qui regénère est déjà à notre porte : le Seigneur se laisse trouver. Nous sommes enclins à prendre plus de temps à analyser les événements, et à suivre des commentaires contradictoires et stressants.  L’heure est à la recherche de Dieu, trouvons en lui des ressources qui nous permettent de passer avec confiance et espérance, ces moments d’épreuve. Amen.

    Prière

    En cette période où on parle principalement de maladie et de mort, au sens propre comme au figuré, nous voulons nous engager à être des prophètes de l’espérance : aide-nous Seigneur à y parvenir, car ton plan pour l’humanité est un plan de salut et non de mort. Par le nom de Jésus-Christ, ton Fils notre Seigneur et Sauveur. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du 1er novembre 2020

    Méditation du 1er novembre 2020

    Gn 32, 23-32 

    23 Cette même nuit, il se leva, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et il passa le gué du Yabboq. 24 Il les prit et leur fit passer le torrent, puis il fit passer ce qui lui appartenait, 25 et Jacob resta seul. Un homme se roula avec lui dans la poussière jusqu'au lever de l'aurore. 26 Il vit qu'il ne pouvait l'emporter sur lui, il heurta Jacob à la courbe du fémur qui se déboîta alors qu'il roulait avec lui dans la poussière. 27 Il lui dit : « Laisse-moi car l'aurore s'est levée. » — « Je ne te laisserai pas, répondit-il, que tu ne m'aies béni. » 28 Il lui dit : « Quel est ton nom ? » — « Jacob », répondit-il. 29 Il reprit : « On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l'as emporté. » 30 Jacob lui demanda : « De grâce, indique-moi ton nom. » — « Et pourquoi, dit-il, me demandes-tu mon nom ? » Là même, il le bénit. 31 Jacob appela ce lieu Peniel — c'est-à-dire Face-de-Dieu — car « j'ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauve ». 32 Le soleil se levait quand il passa Penouël. Il boitait de la hanche.

     

    Méditation        Tourment /plaisir, malheur/bénédiction

    Comment ne pas rappeler le contexte du combat qui se déroule dans ce récit, lequel se termine par un paradoxe : un handicap et une bénédiction à la fois. Celui qui est connu comme le gagneur de tout temps, lui-même rusé et soutenu par une maman rusée, se présente aussi comme le meilleur perdant car il a besoin à toutes les occasions, des personnes qu’il a vaincu : Jacob est un géant au pied d’argile. C’est le destin de l’humain, dont le bonheur s’acquiert dans une manière d’être et de vivre en perpétuel perfectionnement, est toujours tributaire des autres et surtout de Dieu, au-delà de toute prétention. Malheur et bénédiction se côtoient intimement, mais à quelle condition ?

    Jacob veut maîtriser sa vie et son bonheur, et les moyens qu’il utilise ne sont pas toujours correctes moralement, même s’ils aboutissent dans l’immédiat au résultat escompté. Avec la complicité de sa maman, il détourne la bénédiction qui revenait à son frère jumeau Esaü. De nos jours, on parle de « stratégie » au singulier : un moyen qui détruit tout sur son passage, et qui ne laisse finalement que frustrations de part et d’autre. La malhonnêteté vue sous le label de stratégie, s’habille alors d’un visage positif. Mais pour la suite, comme cela se passe dans l’émission intitulée « 4 mariages pour une lune de miel » où s’en sortent mal aussi bien les dames injustes qui gagnent après avoir joué la stratégie et les autres mariées juges, Jacob ne sera jamais en paix, et redoutera toujours la vengeance de son frère.

    La bénédiction obtenue par la ruse, au lieu de lui procurer du bonheur va hanter sa vie, au point où il prendra la résolution d’aller vers son frère Esaü pour se faire pardonner, et se libérer de ses tourments. C’est son premier appel à l’aide.

    Seulement, Il met encore sa ruse en œuvre et fait avancer en cortège, ses serviteurs en possession des biens précieux : ceux-ci diront donc à Esaü à tour de rôle, que les animaux lui sont destinés de la part de jacob qui arrive à la fin du cortège. Jacob est sûr de séduire son frère de cette manière : il croit en effet l’acheter à coût de richesse. Mais le voilà qui décide quitter le cortège, il s’arrête tout seul et laisse passer une nuit avant la rencontre. Il est alors face à sa conscience, et face à Dieu avec qui il lutte jusqu’au petit matin.

    Ayant lutté avec Dieu toute la nuit, Jacob gagne la bataille, mais s’en sort avec une fracture. Il gagne, mais s’incline, s’accrochant à Dieu pour demander pour une deuxième fois de l’aide : « Je ne te laisserai pas, répondit-il, que tu ne m'aies béni. » v 27b.

    Il y a quelque chose d’intrigant et de dérangeant chez Jacob, une contradiction qui réclame réflexion. Il est c’est celui qui met tout en œuvre pour orienter son destin, pour le maîtriser. Seulement au lieu d’obtenir ce pourquoi il a bravé jusqu’aux règles morales, il se retrouve à la case de départ. Ses désirs ne sont pas comblés au contraire, il éprouve un manque, un vide qui le conduit vers celui qu’il a déshérité par la ruse. Il veut arranger les choses parce qu’au lieu d’être apaisé, il est troublé. Il a obtenu la succession de leur père, il a des biens, il a des femmes, il a une grande famille, mais il lui manque l’essentiel. Il revient sur ses pas, il n’est plus celui qui mène son destin avec rage, il est demandeur, il est dépendant. Dépendant de son frère, et dépendant de Dieu.

    Comme Jacob, nous essayons toujours d’être maître et maîtresse de notre bonheur, par tous les moyens. La stratégie est devenue règle, bien que violant les règles, au point où celles et ceux qui ne la pratiquent pas passent pour anormales.aux.  La Science a fait des prouesses par tous les moyens et la technologie est encore très ambitieuse, mais nous sommes reconfiné.es, et confus.es. Pouvons-nous nous en sortir sans état d’âme ? La Science peut- elle nous sauver s’il elle n’a pas de conscience ?  Saurons-nous comme Jacob avoir la sagesse de nous retourner vers Dieu ?

    Jacob s’en sort boiteux, mais il est béni. Nous avons déjà perdu beaucoup de personnes, prématurément dans cette histoire de Covid, tout comme dans les guerres et les dictatures qui nient la dignité humaine, et nous en perdrons encore sous le regard indifférent de beaucoup. Nous sommes déjà tous.tes  blessé.es et affecté.es de ces situations dont les traumatismes nous habiteront encore longtemps; allons-nous continuer à foncer comme des bêtes féroces sans discernement ? Jacob a tout arrêté pour changer de chemin, pour revenir sur ses pas, à la rencontre de son frère et de Dieu.

    Le Seigneur nous attend, pour nous bénir, au-delà de nos blessures. Amen.

    PRIERE

    Seigneur, tu connais le cœur de l’humain ; nous ne pouvons pas nous cacher, nous ne pouvons pas nous-mêmes ignorer qui nous sommes ; nous ne pouvons pas fuir loin de toi, et les conséquences de nos actes nous rattrapent. Ai pitié de nous, béni nous par le nom de Jésus-Christ. Amen.

    Pasteure Priscille DJOMHOUE

  • Méditation du 7 juin 2020

    Jn 8, 31-32

    31 Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; 

    32 vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.

     

    La Vérité reconnue me rend libre, humble et paisible.

     

    Les deux versets de l’évangile de Jean que nous méditons aujourd’hui mettent en rapport la Vérité et  la Liberté: vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.

    La vérité, agir selon la vérité, faire la vérité, être vrai c’est quoi? La question est vaste et peut être abordée sous divers angles, mais le sens fondamentalement ne varie pas. En tant que chrétiens et chrétiennes, méditons sur ces versets en nous laissant guider par de petites questions toutes simples:

    Est-ce que je sais rendre gloire à Dieu lorsque les gens commencent à me féliciter pour une réalisation quelle qu’elle soit? Lorsqu’un projet que j’ai nourri, ou alors qui m’a été inspiré abouti, quelles sont les vérités à établir, qui est à l’origine du succès? Quelles sont les implications de ma prise de conscience de cette réalité?

    Les humains ne sont pas des supers humains, il n’y en a pas. Pour que nous puissions nous réjouir d’un projet qui aboutit, il y a toujours la contribution d’au moins une personne. Il faut reconnaître que mes parents, ma maîtresse à l’école maternelle, mon instituteur.trice, mon professeur m’ont élevé et enseigné en posant des bases de la personne que je suis devenue. Derrière ma réussite ou mes réalisations, il y a la reconnaissance d’un charpentier qui fabrique du matériel utilisé, d’un gouvernement qui œuvre à créer et à encourager la création des emplois dont le mien, qui me fait gagner de l’argent pour acheter ce dont j’ai besoin pour accomplir mon projet ; ma réussite, ce sont des idées que je reçois gratuitement des proches ou que je lis gratuitement sur internet et qui sont publiées par des personnes qui ont sacrifié des nuits et des jours à réfléchir et à écrire; ma réalisation, c’est la grâce divine qui dispose les cœurs généreux, Dieu lui-même qui mobilise et place des leviers, très souvent même une voix qui dit courage, pour nous débloquer au moment où les défis risquent de tout arrëter.

    Lorsque dans un pays, nous pouvons trouver du travail même si ce n’est pas celui dont nous rêvons et qui nous fait vivre, c’est que derrière il y a des dirigeants qui ont le souci des peuples dont ils sont les bergers, il y a aussi un peuple qui sait d’une manière ou d’une autre stimuler ses dirigeants pour qu’ils ne se prennent pas la tête. Aujourd’hui, nous n’avons pas de l’argent parce qu’on est très fort: il y a en amont de tout résultats, des intelligences multiples et diverses, des volontés et des bienveillances; viennent alors s’ajouter notre volonté et nos compétences qui elles, ne tombent pas du ciel.

    Nous ne sommes pas des dieux et des déesses, nous sommes le fruit de bonnes volontés des autres humains connus et inconnus, le fruit de la bienveillance de Dieu, et de celle qu’Il imprime dans les cœurs des autres, d’où la nécessité d’être humble, et vrai. Vrai pour reconnaître que nous ne sommes rien sans les autres et sans Dieu, vrai pour baisser les épaules et regarder le prochain quel qu’il soit avec respect et reconnaissance, même pour ce qu’il fait ici ou ailleurs, et dont nous n’avons pas connaissance.

    Cette vérité, c’est elle qui me met mal à l’aise et  me libère ; c’est aussi elle qui me juge et non les autres humains, lorsque je suis prétencieux.ce au point de me présenter comme un dieu; cette vérité, elle me rappelle à l’ordre lorsque j’ai du mépris pour celles et ceux qui, visiblement ou invisiblement ont posé des jalons de ma réussite; cette Vérité, elle me rappelle à l’ordre lorsque le désir de paraître m’emmène à habiter un monde imaginaire dans lequel je me sens puissant.e et méprisant.e pour les autres humains que je considère comme objet, que je stigmatise et sur lesquels j’imprime des préjugés. Reconnaître cette vérité me libère, me décongestionne et m’enrichi.

    C’est ensemble que les humains existent et se réalisent, et Dieu est le lien entre eux: c’est une vérité à reconnaître. Gloire soit rendue à Dieu qui fait bien toute chose.

     

    PRIERE

    Seigneur à travers ta parole, tu nous dis que  seule la vérité nous rendra libre.  Dispose-nous à reconnaître et à accepter la Vérité. Par Jésus-Christ, le Chemin, la Vérité et la Vie. Amen

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du 1er juin 2020

    Jean 20, 19-23

    Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » 20 Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. 21 Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. » 22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint ; 23 ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

     

    Que ton Esprit de paix et de libération motive et dynamise nos dé-confinements

     

    L’apparition de Jésus entraine une succession de faits à souligner :

    Il annonce la paix ; la paix inaugure une période nouvelle pour les disciples auparavant  traumatisés et confinés. La peur disparaît pour faire place à la paix, à la quiétude et à l’assurance, car la présence du Ressuscité comble le vide qui a orchestré la paralysie, d’où l’enfermement.

    Cette rencontre aussi, a pour but de rassurer les disciples : Jésus leur montre ses mains et son côté. Les mains, afin qu’ils notent les traces des clous qui l’accrochaient sur le bois lors de la crucifixion, et le côté pour qu’ils se remémorent l’endroit qui avait été transpercé à la même occasion. L’objectif pour l’évangéliste lorsqu’il relate ces faits, c’est de montrer que celui qui apparaît lorsque les portes sont fermées, et qui transcende la matière, est bel et bien celui qui fut crucifié : c’est Jésus de Nazareth, le Maître dont les disciples sont les suiveurs. Ce n’est donc pas un fake Jésus, comme on le dirait aujourd’hui.

    Jésus revient, pour que se mette en place, la suite de sa Mission à travers les disciples. Ces derniers n’initieront pas une mission nouvelle, mais ils poursuivront l’œuvre que Jésus a accompli au milieu d’eux, en étant accompagné non par Jésus, mais par le Saint Esprit, le paraclet. Le paraclet, c’est le consolateur, c’est celui qui comble le vide.

    La paix est donc le signe de la mission que Jésus confie à ses disciples, et il le fait par transmission. En effet, Jésus a reçu sa mission de son Père , à son tour il envoie ses disciples. Les disciples seront au service du Christ, de la même manière que Christ l’a été, en donnant le signe de paix, en lavant les pieds. Donner la paix et laver les pieds sont deux symboles qui résument dans une certaine mesure, l’œuvre de Jésus-Christ : le disciple devra faire sur lui-même, un travail qui lui procure une capacité d’aimer et d’être empathique d’une part, et détermination à œuvrer pour le bien être, et la libération des brebis du Seigneur d’autre part.

    Il s’agit bien d’une mission, pour laquelle la volonté et les capacités humaines seules ne suffisent pas. Voilà qui explique l’octroi du Saint Esprit. Jésus donne aux disciples, le Saint Esprit pour les accompagner dans une mission aussi difficile que celle qu’il a menée jusqu’à donner sa vie. En effet, les disciples doivent témoigner dans un monde qui leur est hostile.

    Le don du souffle dont il est question au verset 22 consacre une nouvelle naissance. Le souffle rend vivant ces disciples apeurés et confinés, le souffle les remets debout pour la mission, avec cette vigueur qui leur a fait défaut pendant cette période de confinement au cours de laquelle ils étaient inactifs et sans projets. C’est une nouvelle vie qui s’ouvre pour eux, pleine de dynamisme et de détermination pour transformer la peur en assurance, la tristesse en joie, l’inactivité en activité par la proclamation d’une parole de libération et de pardon des péchés. Que le Seigneur nous soutienne afin que nous laissions son Esprit agir en nous. Amen.

     

    PRIERE

    Seigneur, c’est une année toute particulière au cours de laquelle la Pentecôte dans la quasi-totalité du monde, est authentiquement célébrée dans le confinement.  Au moment où la majorité des Etats entame un dé-confinement progressif, que ton Esprit motive et dynamise cette nouvelle naissance afin que transformés, nous intégrions ton message de paix et de libération dans nos vies. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du 25 mai 2020

    Jn 17, 9-17

    9 Je prie pour eux ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, 10 et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et j'ai été glorifié en eux. 11 Désormais je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous sommes un. 12 Lorsque j'étais avec eux, je les gardais en ton nom que tu m'as donné ; je les ai protégés et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, en sorte que l'Ecriture soit accomplie. 13 Maintenant je vais à toi et je dis ces paroles dans le monde pour qu'ils aient en eux ma joie dans sa plénitude. 14 Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde. 15 Je ne te demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du Mauvais. 16 Ils ne sont pas du monde comme je ne suis pas du monde. 17 Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.

     

    Jésus prie pour moi, Il prie pour toi.

     

    Jésus l’Envoyé, s’adresse à son Père dans une prière d’adieu qu’il articule en trois étapes : il prie pour lui-même (v1-8), pour les disciples qui l’ont connu directement (v 9-19), et pour les disciples qui ont cru par le témoignage des premiers (v20-26).

    Après avoir évalué son œuvre comme le lieu de la manifestation de Dieu, Jésus parle de sa mort non pas comme un échec de Dieu, mais comme l’aboutissement de Sa volonté : l’envoyé est crucifié et glorifié pour le salut des êtres humains.

    Ce texte est placé juste avant la crucifixion dans l’évangile de Jean. Mais le calendrier liturgique le programme entre l’Ascension et la Pentecôte. Ce qu’il faudrait comprendre, c’est que dans les deux cas, l’enjeu est celui des adieux : les disciples seront privés de la présence physique de leur maître. La mort tout comme l’Ascension justifie l’envoie du Paraclet (Pentecôte) qui est le consolateur.

    Si la prière de Jésus est d’abord adressée à Dieu, elle rassure le croyant qui en prend connaissance: en effet, les disciples ne sont pas orphelins, ils ne sont pas abandonnés à eux-mêmes dans un monde qui leur est hostile.

    Après avoir prié pour lui-même, Jésus prie pour ses disciples, compris globalement comme ceux qui l’ont reçu. La prière pour les disciples se justifie par le fait que ces derniers évoluent dans un monde qui leur est hostile. Le monde  dans l’évangile de Jean a un sens tout à fait particulier: le monde, c’est ce qui se caractérise par le refus de l’Envoyé. Le monde, c’est la surdité, c’est ce qui ne peut pas entendre, et qui ne peut pas recevoir. Jésus ne prie donc pas pour le monde mais pour eux, pour ses disciples, pour ceux qui ont cru, ceux qui l’ont reçu comme parole du Père, et qui doivent s’en sortir face à la surdité et au rejet, sans toutefois succomber. A bien lire les versets 11 à 16, on comprendra mieux, lorsqu’il qu’il précise: « …ils sont dans le monde et ils ne sont pas du monde ».

    Si les disciples naissent dans le monde, le fait pour eux de croire en le Fils de Dieu ou de l’envoyé de Dieu et de le recevoir change tout. Ils arrivent dans le monde, mais leur origine c’est Dieu, c’est-à-dire « ceux qui sont nés non pas de la chair et du sang mais de Dieu » (Jn1,13). 

    La distinction entre le monde et les siens qui sont dans le monde ne signifie pas qu'il y a une catégorie d’humains qui sont les siens et une autre catégorie qui ne sont pas les siens. Le monde, c'est ce qui fait souffrir et qui donne la mort.  Il ne s’agit donc pas de faire un tri entre les humains. Par conséquent, il peut avoir en chaque être humain, ce qui fait souffrir et ce qui refoule la souffrance. Le chrétien par essence, puisque né de Dieu, n’est pas assujetti à ce qui fait souffrir, et à ce qui donne la mort.

    Ayant conscience de son départ imminent, Jésus confie ses disciples à Dieu, pour les protéger, et les accompagner de telle sorte qu’ils ne se retrouvent pas seuls face à l’hostilité après son départ physique: pour cela leur unité qui se présente comme une autre intention de prière, laquelle trouve sa signification dans la relation entre le Père et le Fils, se concrétise dans l’amour mutuel qu’ils manifestent. Ils affronteront alors cette hostilité (qui peut se retrouver aussi en eux-mêmes) sans y succomber.

    Jésus prie aussi pour la sanctification de ses disciples. Cette sanctification n’est pas le fruit d’un ensemble de rites ou de choses à faire ou à ne pas faire, mais le résultat d’une relation avec Dieu. Bien entendu, la relation avec Dieu change notre penser et notre agir, de telle sorte que le disciple (qui n’est pas du monde, qui n’est pas de ce qui fait souffrir, qui n’est pas de ce qui donne la mort) puisse ventiler ce que l’apôtre Paul appelle les fruits de l’Esprit (Ga 5,22).

    Dans ce contexte de difficulté, de souffrance, de crise multidimensionnelle, et même de mort omniprésente,  Jean invite le disciple, le chrétien, le croyant à se laisser pénétrer par cette prière de Jésus, à laisser ces paroles entrer dans son cœur : Jésus prie pour ses disciples, il prie pour moi et pour toi : il demande à son Père de me/te protéger. Je peux alors faire confiance, être tranquille car enveloppée par cette prière de Jésus le Christ.

     

    PRIERE

    Seigneur, c’est auprès de Toi que je cherche la tranquillité, car c’est Toi qui me donne espoir et qui me rassure. Merci de te soucier de moi, merci de prier pour moi. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

     

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