Méditation du 22 novembre 2020

 Matthieu 25,31-46

L’image contemporaine de la pratique chrétienne, dans un certain nombre de traditions ecclésiastiques laisse perplexe : comme on peut l’observer sur les réseaux sociaux, ce sont des chrétiens torturés, fouettés, à qui ont fait scander des paroles qu’eux-mêmes ne comprennent pas ; ce sont des chrétiens que l’on oblige à se jeter au sol, à qui on apprend à pousser des cris stridents, qui se laissent abusés, qui sont poussés à quitter leurs familles indexées comme étant l’incarnation du diable, des personnes sur le dos desquelles qui on s’enrichit. Il s’est développé depuis des décennies, un christianisme exubérant qui divise pour s’établir, qui développe la haine de l’autre, et qui stigmatise, alors que celui au nom duquel toutes ces exactions sont commises est présenté dans la Bible comme le Prince de la paix.  C’est le Christ dont les peuples se préparent à célébrer la Venue, au moment où le monde entier ploie sous les ténèbres d’une pandémie qui n’a pas fini de révéler des surprises.

L’exubérance de certaines traditions et de certains responsables religieux qui entretiennent la misère des chrétiens et des peuples amène à se poser des questions sur la signification profonde de la foi : la foi est-elle quelque chose d’extraordinaire, d’absurde et d-incompréhensible qui n’a rien à voir avec la réalité de la vie ?

En ce dernier dimanche de l’année ecclésiastique, le calendrier liturgique nous propose un texte très particulier (Matthieu 25,31-46) qui se rapporte au jugement dernier. Selon l’évangéliste, le jugement dernier, c’est le moment de l’évaluation où les choses apparaitront au grand jour. On verra alors s'établir clairement, la différence entre ceux qui ont été chrétiens, et ceux qui ne l’ont pas été; ceux qui ont réellement été au service de Dieu de ceux qui ont été des mercenaires. Ce texte de Matthieu est une véritable révélation, dans la mesure où il met en lumière la manière selon laquelle le Seigneur glorieux attend que les chrétiens manifestent leur croyance. En effet, la foi chrétienne est une vie, elle se passe sur terre et non dans les airs ou des lieux inconnus et invisibles, tout se joue dans l’interaction des humains et non le contraire : le christianisme est une vie !

34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. 35 Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger et vous m'avez recueilli ; 36 nu, et vous m'avez vêtu ; malade, et vous m'avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.” (…) “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ! ” 41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. 42 Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire ; 43 j'étais un étranger et vous ne m'avez pas recueilli ; nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.”

Selon l’évangéliste, Jésus ne demande pas aux humains de réaliser des choses impossibles ou extraordinaires, mais il révèle une pratique religieuse qui se cristallise dans un rapport de personne à personne définit autour de six choses vitales, simples et concrètes : la nourriture, la boisson, l’hospitalité, les vêtements, les soins infirmiers et les visites. Chaque personne a le potentiel d'offrir ce genre de miséricorde. Il n'est pas nécessaire d'être riche pour partager son bout de pain et son verre d’eau avec une personne affamée. On n’a pas besoin nécessairement d'être infirmier pour aider une personne malade. Il ne faut pas nécessairement être consacré pour visiter un prisonnier. Auparavant, Jésus a dit à un homme riche de vendre tout ce qu'il avait et de donner l'argent aux pauvres (19,21), mais il n'y a pas une telle demande ici. Les critères du jugement mettent le salut à la portée de chaque être humain. Ils n'exigent pas de grands sacrifices de la part de celui qui donne, mais ils soulagent une grande douleur pour celui qui reçoit, tout en procurant la paix à celui qui exerce ainsi sa foi.

A quoi bon prier des nuits entières et jeter ses restes de nourriture à la poubelle, ou encore de mourir d’obésité si on est indifférent vis-à-vis du prochain qui passe la nuit affamée ? Où est la foi chrétienne si on ne peut pas se lever et dire sa colère lorsque des peuples entiers, sur le sol desquels coulent de grands fleuves ne peuvent pas avoir de l’eau à boire ?

C’est quoi être chrétien aujourd’hui ? Le Christ n’est-il pas étranger à ce que plusieurs de ses suiveurs ont fait de son Evangile ? Que le Seigneur nous parle dans nos cœurs et nous aide à répondre à son appel.

Par Jésus-Christ, le Prince de la paix qui vient Amen.

Prière

Je ne veux, Seigneur, ni or ni argent.

Donne-moi une foi ferme et inébranlable.

Je ne cherche, Seigneur, ni plaisirs, ni joies de ce monde.

Console-moi et affermis-moi par ta sainte Parole.

Je ne demande pas honneurs et considération du monde.

Ils ne peuvent en rien me rapprocher de toi.

Donne-moi ton saint Esprit.

Qu'il éclaire mon cœur, me fortifie et me console dans mon angoisse et ma misère.

Garde-moi jusqu'à la mort dans la vraie foi et la ferme confiance en ta grâce. Amen

(Prière de Martin Luther 1483 – 1546)

Pasteure Priscille djomhoue