Méditation du 15 novembre 2020

1 Th 5, 1-6

Quant aux temps et aux moments, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive. 2 Vous-mêmes le savez parfaitement : le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. 3 Quand les gens diront : « Quelle paix, quelle sécurité ! », c'est alors que soudain la ruine fondra sur eux comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. 4 Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. 5 Tous, en effet, vous êtes fils de la lumière, fils du jour : nous ne sommes ni de la nuit, ni des ténèbres. 6 Donc ne dormons pas comme les autres, mais soyons vigilants et sobres.

Les messages alarmants venant de tout bord n’ont pas cessé de se multiplier depuis le 2ème confinement, dont les caractéristiques ne sont pas semblables au premier. Si les citoyens se sont laissés confiner avec beaucoup de bonne volonté, c’était avec la conviction que la crise était passagère et que la bonne saison pointait à l’horizon : l’arrivée du printemps et de l’été.

Les applaudissements signes d’encouragement du personnel soignant ont laissé la place à la tristesse et à une multiplication de questions, devant une situation qui de plus en plus déstabilise beaucoup. En tant que chrétiens, avons-nous de bonnes raisons de nous décourager au point de nous laisser envahir par des idées obscures ? Laissons-nous guider par cette réponse de l’apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique, face à l’inquiétude de la mort.

Tous, en effet, vous êtes fils de la lumière, fils du jour : nous ne sommes ni de la nuit, ni des ténèbres.  Donc ne dormons pas comme les autres, mais soyons vigilants et sobres.

Le quatrième chapitre de la première épître de Paul aux Thessaloniciens met en avant les préoccupations des croyants parmi lesquels circulait l’idée que ceux qui sont mort avant la seconde venue du Christ ne feraient pas partie de la résurrection. Paul les rassure en disant : « Car si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, de même Dieu amènera avec lui ceux qui se sont endormis en Jésus » (4,14).  Le chapitre 5 continue cette discussion sur la seconde venue du Christ, mais du point de vue de ceux qui seront vivants au moment de la venue du Christ.

Quant aux temps et aux moments, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive. Vous-mêmes le savez parfaitement

Paul croit que les croyants de Thessalonique ont reçu une instruction suffisante concernant le jour du Seigneur pour ne pas avoir besoin d'une instruction écrite. Mais il écrit quand même, car l'instruction écrite est moins susceptible d'être oubliée ou mal comprise que l'instruction verbale. L'enseignement écrit permet également une exactitude difficile à atteindre dans l'instruction verbale. Plus l'instruction est complexe, plus l'instruction écrite devient utile.

Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit (v. 2).

Le Jour du Seigneur sera un événement de la fin des temps, qui apportera le jugement aux coupables et la délivrance aux fidèles. Nombreuses sont dans les prophètes, les références au jour du Seigneur (Es13, 6, 9; Jr 46,10; Ez 1, 5; 30, 3; Jl 1,15; 2, 1. 11. 31; 3, 14; Am 5,18, 20; Ab1,15; So1, 7, 14; Ml 4, 5). La plupart de ces références mettent l’accent sur la colère de Dieu, mais certaines incluent également une note de justification. Paul dira que Dieu « remboursera l'affliction à ceux qui vous affligent, et vous soulagera » (2 Thessaloniciens 1:

Pourquoi la métaphore du voleur ? Les voleurs ne signalent pas qu'ils arrivent. Ils frappent quand on s'y attend le moins pour que personne n'interfère avec leur vol. Ils préfèrent la nuit, lorsque l'obscurité couvre leurs allées et venues et que les victimes involontaires dorment. Le jour du Seigneur est semblable à cette situation, il arrivera à un moment inattendu. Il est donc important de se préparer à sa venue car, une fois que le Seigneur est venu, le sort des gens est scellé. Pour les fidèles, ce sera un jour de confirmation, mais pour les infidèles, ce sera un jour de jugement (Mt7,21-23 ; 11, 20-24; 24, 15-51; 25, 1-46) . Voilà pourquoi les fidèles ne doivent pas avoir peur.

La condamnation sera alors réservée aux fossoyeurs : ceux qui disent paix et sécurité alors qu’il n’y a pas de paix (Jr6,14). Il faudrait donc se garder de se tromper soi-même, en refusant de voir la réalité en face, car il y a le risque de revivre l’expérience de Noé ( Gn 5-11) : au temps de Noé avant le déluge, les gens ne se souciaient de rien, n’écoutaient pas : indifférents, ils mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, jusqu'au jour où Noé est entré dans l’arche, et que le déluge les engloutisse. Ainsi sera la venue du Fils de l'homme (Mt 24,37-39). On aura l’image des personnes, soudainement alarmées, qui cherchent une issue et qui n'en trouvent aucune. Mais ce n’est pas le message principal de Paul. Il souligne que, pour ces croyants de Thessalonique, le jour du Seigneur sera un jour de salut plutôt que de jugement :

Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur (v. 4).

La lumière et les ténèbres sont utilisées dans l'Ancien et le Nouveau Testament comme métaphores du bien et du mal - ordre et chaos - sécurité et danger - joie et douleur - vérité et mensonge - vie et mort - salut et condamnation (Es 5,20 ; Jn 3, 19-21 ; 2 Co 4, 4; Ep. 4, 17-18). Pour Paul, les croyants de Thessalonique n’ont rien à craindre, car ils ne vivent pas dans les ténèbres. Ils ne sont pas non plus engagés dans des activités sombres, telle que le vol et le mensonge, ce qui leur donne de voir la réalité en face. En tant que croyants, ils s'engagent à aimer Dieu et leur prochain. Par conséquent, le jour du Seigneur ne les surprendra pas comme un voleur, et de façon soudaine.

Il y a donc d’une part, l'image du peuple des ténèbres se trouvant soudainement abattu par les puissances des ténèbres - un destin qu'ils n'avait pas imaginé possible et pour lequel il ne s’est pas préparé. D’autre part, ces croyants de Thessalonique qui n'ont pas à craindre un tel sort, car ils vivent dans la lumière (v. 5). Paul lie leur sécurité à leur identité, ce sont des enfants de la lumière et des enfants du jour. Ceux qui sont de la lumière ne peuvent pas aussi être des ténèbres. C'est une image puissante, car la lumière ne peut pas coexister avec les ténèbres. La lumière même d'une petite bougie dissipera l'obscurité dans une grande pièce. Dans un conflit entre la lumière et les ténèbres, la lumière prévaudra.

Alors ne dormons pas, comme le font les autres (v. 6a). Paul utilise ici le mot dormir métaphoriquement. Nous devons dormir physiquement, mais nous ne devons pas nous laisser bercer par l'apathie spirituelle. L’apathie est un état d'indifférence à l'émotion, à la motivation ou à la passion. Une personne apathique manque d'intérêt émotionnel, social, spirituel, philosophique, parfois accompagné de phénomènes physiques. Il peut aussi se montrer insensible vis-à-vis d'autrui. Vivons donc dans un état de préparation spirituelle, prêts à relever des défis spirituels, prêts à parer le tentateur, prêts à défendre la foi de deux manières : éviter l’intoxication, et veiller sur notre comportement que nous associons à la sobriété, la maîtrise de soi, au jugement sain, à la discrétion, la fiabilité et aux décisions étudiées.  Amen.

Prière   (Faisons nôtre cette prière prise de la collection (Guide Pratiques Notre Temps), Au-delà de la solitude. Le texte n’est pas signé.)

Seigneur, tu étais là hier, tu seras là demain, marchant mystérieusement à nos côtés, nous attendant, nous précédant. Ouvre nos yeux pour que nous discernions ta présence dans nos vies. Amen.

Pasteure Priscille Djomhoue