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  • BONNE ANNEE 2022 !

    BONNE ANNEE 2022 !

    Désormais ce n'est plus le soleil qui sera pour toi la lumière du jour, ce n'est plus la lune, avec sa clarté, qui sera pour toi la lumière de la nuit. C'est le SEIGNEUR qui sera pour toi la lumière de toujours, c'est ton Dieu qui sera ta splendeur. (Es 60,19)

    Si en ce début d’année nous formulons de bons souhaits pour les personnes que nous aimons bien, c’est en étant conscient que les joies côtoierons les peines, et que toute chose ne se passera pas toujours comme nous le souhaitons, car c’est ce qu’il y a de plus normal dans ce monde : les défis, anciens et nouveaux continueront à faire partie de notre vie. Mais ce qui fait la différence d’une personne à l’autre, c’est la manière selon laquelle nous expérimentons les différents moments de la vie. Pour les chrétiens,  la Nativité que nous venons de célébrer nous apporte une joie  imprenable, et une espérance qui ne faillit pas malgré les épreuves.

    Le prophète Esaïe qui a annoncé l’Emmanuel encourageait autrefois les israélites à se laisser guider par le Seigneur qui est lumière. Son message s’adressait alors à un peuple pour le moins divisé. En effet, après un exil qui a duré environ 50 ans, les juifs sont de retour, mais leur unité n’est plus assurée, parce que ceux qui étaient en exil n’ont pas gardé intacte leur culture : leur manière de parler l’hébreu a évolué, et leur pratique cultuelle a dû s’adapter pour palier à l’absence du Temple. Ceux qui sont restés cependant ont gardé la nostalgie du Temple de Salomon détruit par les Babyloniens et ils s’estimaient plus juifs que les autres.

    Esaïe intervient alors dans le chapitre 60, pour apporter de l’espérance au peuple de Dieu, face à une situation qui risque compromettre son unité. Il faudrait alors se laisser guider par Dieu qui est lumière et splendeur. Ce Dieu s’est révélé en Jésus-Christ dont nous venons de célébrer la naissance : Il vient comme Lampe à nos pieds et Lumière sur notre sentier. Sa force, c’est l’Amour.

    Les citoyens ne sont pas responsables de la venue de la pandémie. Mais cette épreuve sanitaire prend des tournures qui risquent de diviser le peuple et surtout créer en son sein une haine qui ne se justifie pas. Les décisions prises pour éradiquer la pandémie sont reçues de manières différentes: pour certains, c’est tout à fait normal de se vacciner alors que pour d’autres il n’en est pas question. Il y a aussi des personnes qui ne savent quoi faire. La persistance du virus mutant, engendre une colère  qui emmène les uns à se laisser tenter par l’idée que les autres sont responsables de l’échec des solutions proposées. Aux portes de notre société apparaît ainsi l’ombre d’une haine qu’il nous faut exorciser avant qu’elle ne s’installe pour mettre en mal les relations entre citoyens, entre membres d’une même famille, et entre amis.  Les chrétiens ne doivent pas tomber dans le piège de la haine justifiée par l’une ou l’autre  position construite autour des différentes solutions dans cette situation d’urgence: comment continuer à aimer l’autre, de cet amour que nous recommande le Christ quelle que soit sa position, même si on ne la partage pas? Comment  vivre ensemble de telle sorte que des idées et des situations qui ne sont pas partagées ne deviennent pas le prétexte de clivages sociaux ?

    Au début d’une nouvelle année, pour nous guider et nous accompagner, relisons le message d’Esaïe qui annonce l’espérance et le moyen de se sortir d’épreuve: désormais ce n'est plus le soleil qui sera pour toi la lumière du jour, ce n'est plus la lune, avec sa clarté, qui sera pour toi la lumière de la nuit. C'est le SEIGNEUR qui sera pour toi la lumière de toujours, c'est ton Dieu qui sera ta splendeur.

    Que le Seigneur vous accompagne tout au long de cette nouvelle année !

    Pasteure Priscille Djomhoué

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  • Méditation de fin d'année, Décembre 2021

    Les eaux ne deviendront plus jamais un Déluge qui détruirait toute chair (Gn9,15b)

    Nous arrivons à une fin d’année 2021 marquée par des événements de toutes sortes, lesquels nous ont touchés positivement ou négativement, et dont les conséquences continuent à impacter notre vie. Nous louons le Seigneur pour les lumières de proportions différentes qui ont jalonné nos vies, et pour les forces qu’Il nous donne pour faire face aux épreuves.

    La pandémie a repris de plus belle, au moment où on croyait que le Covid Safe Ticket en signalait presque la fin. Aussi, n’avons-nous pas fini de pleurer nos morts des suites de Covid 19, des autres maladies, des accidents et des violences.

    Il y a aussi entre autres, les conséquences des inondations du mois de juillet encore présentes sous nos yeux, et les collectes pour venir en aide aux sinistrés se poursuivent. Ces inondations devenues planétaires et expérimentées en Belgique par beaucoup, nous ont permis d’asseoir l’idée que l’être humain est allé très loin dans son engagement pour des activités qui mettent à mal l’environnement. Les incendies difficilement maîtrisables en sont aussi des conséquences. Si on pense avoir pris conscience de cette situation, la rencontre de la COP 21 du mois de novembre sur laquelle nous avions mis nos espoirs, ne s’est pas soldée par des décisions de nos rêves, pour une résolution immédiate des questions environnementales.

    Sur tous les plans, nous nous posons des questions sur l’avenir : y a-t-il des raisons d’espérer en un avenir certain? C’est bien au cœur de ces défis que nous allumons la première bougie de l’Avent, pour célébrer cette période où brillent les lumières des bougies et des guirlandes allumées par les croyants et les non croyants ; c’est le temps où nous préparons la grande célébration de noël. Noël est la réponse aux innombrables questions que nous nous posons, c’est la promesse positive de Dieu, qui commence depuis son alliance avec Noé (il n’y aura plus de razzia humaine), elle nous est aussi annoncée par le prophète Esaïe: il faut accueillir l’enfant Roi, et nous ouvrir aux nouvelles possibilités qu’Il nous ouvre.

    Est-ce que la présence d’un « enfant Roi » a un sens au moment où nous sommes confrontés à des forces si violentes? Beaucoup de forces se déchaînent dans le monde : la nature elle-même poussée à nuire par le fait des humains, et les humains contre les humains, par la construction des flottes de guerre de plus en plus performantes, l’imagination des méthodes de destruction rapide et massive. Est-ce donc proportionnel que Dieu mette en rapport ces forces brutes avec un Prince de Paix qui arrive comme un bébé sans défense, sans armes de guerre humaines? Est-ce que ce rapport de force est suffisant pour rassurer les humains, et surtout ceux qui encore, nient l’existence même du créateur ? Voltaire comme beaucoup a dit : « L’univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger ».

    Pour Dieu, le rapport entre la puissance apparente « des puissants du monde » et la fragilité de l’enfant Roi est proportionnel, et c’est de cette vision de la proportionnalité très spéciale aux yeux des humains, que découle la paix : Dieu se fait proche des humains qui sont tous et toutes sans exceptions, faibles et fragiles : les inondations tout comme les incendies ici et ailleurs n’ont pas fait de tri, la Covid 19 n’a pas épargné les puissants, les faibles, et les violents. Oui, Dieu se fait proche de nous; il nous dit sa tendresse, son amour, sa miséricorde. Par sa Parole, et par la force de l’Esprit Saint, Il nous arme pour nous en sortir. Mais c’est bien à nous humains de choisir, c’est à nous de décider.

    Pour ce Noël, je vous exhorte à vous accrocher à cet espoir en priant spécifiquement :

    Pour que l’audace et le courage qu’offre le Saint Esprit viennent remplacer la peur dans votre vie.

    Pour que le Seigneur indique à chacun.e selon la mission et les moyens qu’Il lui donne, comment devenir un agent de paix pour sa famille, pour son église, pour son pays, pour le monde et l’environnement.

    En cette période de fin d’année, puisse chacun.e ressentir vivement cette proximité de Dieu !

    Qu’elle vous garde dans la paix et dans l’espérance en Jésus- Christ.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • 03 novembre 2021

    Matthieu 5, 17-24 ©TOB

    « N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abroger, mais accomplir. 18Car, en vérité je vous le déclare, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i ne passera de la loi, que tout ne soit arrivé. 19Dès lors celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. 20Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Meurtre et réconciliation 21« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commettra un meurtre en répondra au tribunal. 22Et moi, je vous le dis : quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal ; celui qui dira à son frère : “Imbécile” sera justiciable du Sanhédrin ; celui qui dira : “Fou” sera passible de la géhenne de feu. 23Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, 24laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande.

    Notre texte est précédé de celui qui donne une identité aux disciples, c’est-à-dire à toutes celles et tous ceux qui suivent Jésus. Le disciple est le sel de la terre et la lumière du monde, le chrétien est cette personne qui a la capacité comme le sel, de donner du goût à la vie, et comme la lumière d’en illuminer les moments obscurs. Dieu a créé le jour, et il a aussi créé la nuit. Puis il a fait les astres pour que la nuit ne soit pas toute noire. Lorsque la vie devient fade, lorsque l’obscurité menace, le disciple est le juste. La justice dans l’évangile de Matthieu caractérise le vrai croyant.

    La parole de Dieu, dont nous avons entendu la lecture dans l’évangile de Matthieu met en rapport la loi et la justice. Est-ce que la loi, l’application de la loi, ou encore le respect de la loi disparaissent avec la venue de Jésus-Christ ? Quelle est la place de la Loi et en quoi consiste la véritable justice ? Voilà des questions qui méritent une réponse, face aux déclarations très fortes du monde moderne, qui disent que Dieu est miséricordieux, que nous sommes sauvés par la foi et non par la Loi. Est-ce-que la Loi est encore valable ?

    Pour répondre à cette question, il faut comprendre le contexte social et religieux dans lequel l’évangéliste parle. En effet, l’évangile de Matthieu répond à un problème historique réel, une situation difficile qui a menacé la paix: la communauté de Matthieu se trouve au cœur d’un débat sur la Loi, débat dont les indices sont visibles, à travers deux fronts polémiques identifiés dans les chapitres 5 à 7 (le sermon sur la montagne).

    A l’extérieur de sa communauté, il y a le premier front, qui est constitué par la tradition des pharisiens représentant du judaïsme. Pour ce front, la justice consiste en l’observation ritualiste des préceptes de la Loi (5,20). Le deuxième front se trouve à l’intérieur de la communauté de Matthieu : il est constitué par un cercle de croyants qui affichent une distance par rapport à la Loi (5,17). On est sauvé par la grâce, la Loi n’a plus sa place.

    Jésus se positionne contre ces deux fronts qui, pris isolément ne peuvent conduire ni à une véritable spiritualité, ni au « Royaume des cieux ». Il répond alors au verset 17 : Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi et les prophètes. Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir.

    Jésus montre la justice, la véritable spiritualité par la démonstration de l’erreur des pharisiens et des croyants rebelles: Il s’inscrit en faux contre ceux qui pensent que sa venue supprime la Loi. Le verbe accomplir exprime la conviction qu’il est celui en qui s’accomplit la Loi. Jésus est celui qui nous donne l’impulsion, la capacité, la possibilité de suivre et de respecter 3 la Loi sans que cela ne soit pour nous, un fardeau, mais un chemin de salut.

    Jésus n’a rien supprimé, mais il interpelle à vivre avec une conviction qui vient du cœur, il invite à se laisser motiver par l’Esprit saint afin de ne plus être préoccupé par ce formalisme extérieur. En déclarant qu’il est venu accomplir, la Loi, Jésus s’adresse aux scribes et aux pharisiens qui en avaient fait un rite, une forme sans contenu, d’où le développement de l’hypocrisie, et la persistance de l’injustice et de la souffrance. La loi ne disparaît pas parce qu’elle est au service de la vie, et son application devient possible lorsqu’on se laisse guider par l’Esprit Saint. D’où la nécessité pour chaque chrétienne, pour chaque chrétien, de se poser cette question : quelle est l’importance de la loi de Dieu dans ma vie, quel degré d’importance j’attache à l’obéissance à Dieu? Jésus va prendre plusieurs exemples dans ce texte pour illustrer, pour montrer concrètement et simplement ce qu’est un véritable disciple, un juste. En effet, Jésus n’est pas dans les complications, Il fait des choses simples. Je vais garder pour aujourd’hui un seul de ces exemples. Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande. (Mt5, 23-24)

    Cette injonction de Jésus: « d’abord te réconcilier » ne l’oublions pas, vient immédiatement après une mise au point qui comporte deux éléments principaux : la validation de la totalité de la Loi (5,17) et le rejet de la justice des scribes et des pharisiens (5,20) qui n’est qu’un rituel. Selon la tradition rabbinique, pratiquer la justice c’est présenter son offrande à l’autel. Mais Jésus montre qu’il y a des impératifs ou des conditions préalables à la validation de cet « acte de justice ».

    Il faut que celui qui doit apporter son offrande s’assure d’abord que cette offrande est appréciée de Dieu. Autrement dit, la justice que l’on manifeste à l’extérieur doit émerger de l’intérieur de la personne comme un écho d’une harmonie multidimensionnelle ; une harmonie du donneur avec lui-même, l’harmonie du donneur d’offrande avec son entourage et son harmonie avec Dieu. La réconciliation que l’on trouve au verset 24 est la remise en accord, ou en harmonie des personnes qui étaient brouillées avec elles-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Ce verbe est utilisé à la deuxième personne du singulier de l’impératif, et traduit dans le texte une nécessité, un impératif. « Si donc tu présentes ton offrande sur l’autel et là, tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi, laisse- là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère. » (5,23-24a).

    La réconciliation est donc une nécessité et une condition préalables à toute adoration. Ici, le désaccord qui intervient dans la vie du croyant ne peut pas permettre une foi épanouie. La réconciliation est une urgence, elle est radicale, non discutable et se situe à trois niveaux: Il y a d’abord la réconciliation avec soi-même : Cette dimension de la réconciliation est introduite dans le texte par « si tu te souviens ». Cette expression renvoie le croyant à lui-même. Le processus de la réconciliation ne doit pas être déclenché par une plainte, ou par une démarche engagée par l’autre. C’est au croyant de déterminer, en regardant à l’intérieur de lui-même si son frère n’est pas content de lui. Je recommence : Si un chrétien, une chrétienne doit prendre connaissance de son désaccord avec son frère sans entrer en contact avec ce frère, c’est que ce désaccord prend sa source en lui-même. En effet, selon Matthieu, c’est au croyant de s’auto-examiner pour voir au tréfonds de lui-même s’il n’y a pas de sa part une attitude ou un agissement qui ait porté préjudice à l’autre.

     Partir de soi-même, de son comportement, de ses pensées, de ses actes pour savoir si on n’est pas soi-même responsable du désaccord avec l’autre, est une démarche qu’on n’entreprend pas le plus souvent. Le verbe se souvenir dans « si tu te souviens » renvoie le croyant à lui-même : et la conjonction « si » traduit l’urgence d’une réconciliation préalable avec soi-même, comme  condition de l’harmonie avec les autres. Dit autrement, lorsqu’on n’est pas réconcilié avec soi-même, on se brouille et on casse avec les autres. Lorsqu’on n’ose pas se regarder soi-même, on en accuse toujours les autres, on est porté à projeter sur les autres ses problèmes personnels. C’est ce regard sur soi-même qui peut amener le croyant à se convertir, à changer de point de vue sur soi et à porter un regard favorable sur les autres. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre cette parole de Jésus « si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi » (5,29). Nous n’avons pas à faire ici, à un appel à la mutilation, mais à une exhortation à s’accorder avec soi-même comme garant de l’accord avec les autres.

    Ensuite, il y a la réconciliation avec l’autre, le frère, la sœur : si le croyant a pris conscience de la rupture avec son frère, il y a urgence de rétablir la relation. « Laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ». Une fois encore, c’est celui qui veut donner son offrande, c’est le chrétien ou la chrétienne qui veut adorer, qui doit prendre l’initiative de la démarche, qui le conduit vers celui à qui le tort est infligé. Il doit tout abandonner, même s’il était sur le point d’accomplir son acte: « laisse - là devant l’autel ». Dans la tradition juive, il était permis à un croyant laïc d’entrer dans la cour des prêtres où se trouvait l’autel. « Pour interrompre un acte si solennel, il fallait un motif très important ». En demandant au croyant qui est en désaccord avec son frère de suspendre son adoration, Jésus place la réconciliation comme un préalable à l’adoration. Le croyant doit être capable de redresser la situation avant d’adorer son Dieu. Jésus exige le pardon de la part de ceux qui recherchent le pardon de Dieu (6,14s ; 18,21-36). Si le croyant n’est pas en accord avec son vis-à-vis, il ne peut prétendre entrer en communion avec Dieu. « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé ». Les chrétiens ne retiennent pas souvent la deuxième partie de ce verset du Notre Père. Nous sommes pardonnés lorsque nous pardonnons.

    Pardonner, c’est aimer par-dessus l’offense que nous avons subie. Je suis offensée, je montre l’amour, je donne l’amour. Enfin, il y a la réconciliation avec Dieu. La démarche de la réconciliation avec Dieu ne peut être déclenchée que si le croyant est en harmonie avec son semblable : mais, le croyant ne peut être en accord avec les autres que s’il est en règle avec lui-même. La réconciliation avec Dieu, la véritable adoration, la justice « supérieure » se présente ici comme une finalité. Elle est un don de Dieu et ne peut être reçue que par ceux qui se laissent guider par Jésus-Christ. La réconciliation se présente ici, sous les couleurs de la justice « supérieure » car sa finalité, comme cette dernière, est la perception de soi-même et des autres comme des êtres toujours en relation : « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les prophètes » (7,12). La réconciliation avec soi-même, avec l’autre et avec Dieu produisent des effets visibles, ce que Matthieu a appelé la paix. Frères et sœurs, nous voulons la paix, et nous sommes appelés à promouvoir la paix : il n’y a pas deux solutions : la relation. Jésus est ce lien qui nous met en relation les uns, les unes avec les autres. Oserions-nous couper ce lien ? La Justice supérieure, la paix ici se comprend comme le maintien des relations interpersonnelles : tout chrétien, sel de la terre et lumière du monde, dépasse les différences culturelles, religieuses et personnelles pour entrer en dialogue avec les autres, pour les aimer et les respecter. AMEN

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du samedi saint, 3 avril 2021

    Marc 16, 1-7

    Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller l'embaumer. 2 Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil étant levé. 3 Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre de l'entrée du tombeau ? » 4 Et, levant les yeux, elles voient que la pierre est roulée ; or, elle était très grande. 5 Entrées dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. 6 Mais il leur dit : « Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n'est pas ici ; voyez l'endroit où on l'avait déposé. 7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.”

     

    Nous ne sommes pas abandonnés, malgré tout !

    Complètement perdus, les disciples avaient quitté les lieux sous la pointe des pieds, et s’étaient terrés ne sachant quoi faire. Mais les femmes déterminées savent bien ce qu’elles doivent faire.  Elles bravent la peur de tout, et suivent l’événement du vendredi de bout en bout : « Marie de Magdala et Marie, mère de José, regardaient où on l'avait déposé » (15,47). La tristesse du vendredi est encore pesante, et les femmes n’ont pratiquement pas eu le temps de se reposer car dès que ce fut possible, elles s’organisèrent pour faire les courses nécessaires à l’embaumement du corps de Jésus, même s’il avait déjà été placé au tombeau. Bravant la mort, elles s’aventurèrent vers le séjour des morts pour y trouver celui qui leur avait été arraché. Ces femmes font à penser à Isis qui, contre vents et marrées, retrouve et reconstitue le corps disjoint d’Osiris pour lui redonner la vie.

    De bonheur le troisième jour, elles étaient déjà en route pour la tombe.  La peur des assassins du vendredi, l’incertitude quant à leur incapacité à rouler la pierre, et la peur de l’impureté n’ont pas raison de ces femmes juives ; elles avancent avec foi. Elles seront confrontées à une grande frayeur, puis à une récompense, celles qui contre toute espérance étaient restées au pied de la croix alors que les autres avaient pris la fuite. Maintenant, elles poursuivent fidèlement une mission qu’elles portent au-delà des circonstances normales et acceptables. Pour elles, même un corps inanimé garde une dignité qu’il faut honorer et respecter. De la tombe, elles reviennent porteuses d’une bonne nouvelle, ces porteuses de vies humaines qui vont chercher la vie, même jusque dans la tombe.

    Les dames sont revenues avec le message de la vie. Oui, elles reviennent avec le lien direct qui mène à la vie. Il n’y a plus de condamnation, pour ceux qui ont trahi Jésus, tout comme pour ceux qui l’ont renié, rejeté, et même crucifié. Pour tous, il y a une nouvelle perspective, un nouvel appel, un nouveau rendez-vous. La victoire sur la mort a été remporté, venez et recevez la vie : « allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.” »

    Le calendrier liturgique cette année fait bien de placer ce texte avant le dimanche de Pâques : il n’est pas question qu’aujourd’hui, nous nous morfondions dans la tristesse. Les épreuves les plus douloureuses de notre vie doivent nous orienter, non pas vers la mort, mais vers la recherche de la vie : au lieu de se concentrer sur sa douleur, il vaut mieux orienter son regard vers l’espérance. S’orienter ainsi, est une décision que seul l’individu doit prendre par sa pure volonté : personne ne peut prendre cette décision à la place de quelqu’un d’autre, quel que soit le degré d’amour qu’on lui voue, et le degré d’affinité qu’on a avec lui. Aux disciples qui se sont terrés ou fermés, pour ceux que les souffrances de la vie ont fermé, le Seigneur ouvre les voies d’une nouvelle espérance : il faut sortir, il faut s’ouvrir, il faut se mobiliser vers Galilée à sa rencontre.

    Pour toi aussi, la victoire a été remporté ; répondras-tu à cette invitation d’aller vers elle ? Pour l’obtenir, c’est bien à toi de faire un déplacement ! A présent, il faut oser lâcher ta douleur pour saisir la main de celui qui la récupère pour t’affranchir. Le voudrais-tu bien ?

    Prière

    Merci Seigneur Jésus-Christ, pour ton amour et ta miséricorde. Bénis sois-tu pour cette opportunité toujours renouvelée que tu nous donnes, d’embrasser la Vie et le Salut que tu mets à notre disposition. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du vendredi saint, 2 avril 2021

    Jean 18, 1-19, 40

    29 Pilate vint donc les trouver à l'extérieur et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » 30 Ils répondirent : « Si cet individu n'avait pas fait le mal, te l'aurions-nous livré ? » 31 Pilate leur dit alors : « Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu'un à mort ! » (…) 38 Pilate lui dit : « Qu'est-ce que la vérité ? » Sur ce mot, il alla de nouveau trouver les Juifs au-dehors et leur dit : « Pour ma part, je ne trouve contre lui aucun chef d'accusation. 39 Mais comme il est d'usage chez vous que je vous relâche quelqu'un au moment de la Pâque, voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » 40 Alors ils se mirent à crier : « Pas celui-là, mais Barabbas ! » Or ce Barabbas était un brigand.

     

    Pas celui-là, mais Barabbas !

    A l’occasion des festivités de la Pâque juive, il était de tradition qu’un prisonnier soit libéré. Cette année-là Jésus de Nazareth, celui que les foules suivaient même à la tombée de la nuit pour bénéficier de ses enseignements, de ses soins sanitaires, et de ses prises en charge alimentaire était arrêté par les autorités juives. C’est lui qui lors d’une entrée à Jérusalem est solennellement accueilli par les foules. Il y avait aussi Barabbas que l’évangéliste prend le soin de décrire comme étant un brigand. Un bienfaiteur et un malfaiteur, mais le malfaiteur sera libéré, et le bienfaiteur pendu.

    Les paradoxes d’une justice ignominieuse n’ont pas cessé de nous surprendre et de nous déstabiliser. Qu’est ce qui n’a pas marché en l’an plus ou moins 30 après Jésus-Christ ? L’expérience du Christ qui garde son calme et sa dignité me parle beaucoup : en effet, il connaît très bien le genre de dirigeants auxquels il s’est opposé durant son ministère public, précisément dans sa lutte pour la dignité des faibles et des rejetés. Il est conscient de ce qui va lui arriver, mais dans la confiance et avec assurance, il passe son interrogatoire et garde sa dignité.

    Les dés sont pipés dès le départ, car derrière l’arrestation de Jésus se joue non pas une réparation de tort, mais une rancune contre celui qui a apporté de la lumière. Dans l’empire romain, les dirigeants juifs avaient une autorité sur les affaires civile et pénale, mais Rome conservait un contrôle total sur les crimes capitaux, à l’instar de ceux de Barabbas. Ils ne pouvaient donc « faire mourir » qui que ce soit : voilà pourquoi ces juifs vont vers Pilate. Or ce dernier ne peut faire mourir Jésus que s’il est coupable de sédition ou de révolte contre l’autorité établie. Pilate interroge les accusateurs sur la faute de Jésus, et leur réponse est celle-ci : « Si cet individu n'avait pas fait le mal, te l'aurions-nous livré ? » (18,30).  C’est une réponse boiteuse qui ne dit rien, mais invite Pilate à leur faire confiance et à condamner Jésus sur la base des allégations. Pilate atteste l’innocence de Jésus : « Je ne trouve aucun fondement pour une accusation contre lui », et propose alors de s’en référer à la coutume juive pour libérer Jésus. Mais il butte sur un choix gênant : Il faut plutôt libérer Barabbas le voleur.

    Pilate déclare Jésus innocent, mais il honore finalement la demande du grand prêtre pour la condamnation et l'exécution de Jésus. Et cette attitude de celui qui décide, face à une vérité judiciaire claire et indiscutable ? Et nos silences craintifs ou complices d’aujourd’hui, face aux injustices multiformes et connues, qui ruinent l’humanité et l’environnement ?

    Prière

    Seigneur, tu as dit : « vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ». Comment serons-nous affranchis si la vérité connue n’est pas dite ? Que ton Esprit vienne en nous pour qu’aucune situation d’injustice ne soit perpétrée avec notre silence complice, aussi bien sur les humains que sur ta création. Par Jésus-Christ qui s’est donné pour que nous travaillions courageusement et audacieusement, à promouvoir la venue de ton Royaume. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du Jeudi saint, 1er avril 2021

    Jean 13, 1-15

    (…) 4 Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. 5 Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6 Il arrive ainsi à Simon-Pierre qui lui dit : « Toi, Seigneur, me laver les pieds ! » 7 Jésus lui répond : « Ce que je fais, tu ne peux le savoir à présent, mais par la suite tu comprendras. » 8 Pierre lui dit : « Me laver les pieds à moi ! Jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu ne peux pas avoir part avec moi. » (…) 14 Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; 15 car c'est un exemple que je vous ai donné : ce que j'ai fait pour vous, faites-le-vous aussi.

     

    Si je ne te lave pas, tu n'as aucune part avec moi

    Ce n'est pas un poisson d'avril, Jésus a lavé les pieds de ses élèves

     

    Pourquoi Simon - Pierre ne veut pas se faire laver les pieds par Jésus ? Pourquoi Jésus insiste-t-il? Le milieu de vie de Jésus et ses disciples est un monde très complexe où il y a des groupes, des castes et beaucoup de clichés. Il y a même des personnes qui n’existent pas bien qu’existant. Les femmes et les enfants ne sont pas comptés, et lorsqu’il faut absolument parler d’elles, beaucoup prennent le nom d’un cliché qui leur est collé à la peau, comme la femme adultère, la femme hémorroïsse… et cette femme anonyme de notre texte de méditation. Cette situation n’est pas propre seulement aux femmes et aux enfants ; les hommes qui de la même manière n’existe pas sont nommés de leur cliché : l’homme à la main sèche. D’un côté il y a les puissants et d’autre les faibles ; les maîtres et les esclaves. Et le regard porté par les plus forts sur les plus faibles est dégradant.

    Le lavage des pieds d'une autre personne est considéré comme une tâche dégradante qui ne peut être réalisée que part des personnes qui en sont « dignes » : les esclaves et les femmes païennes. Les disciples peuvent à l'occasion laver les pieds de leur maître de leur propre gré, mais sans obligation. Cet acte gracieux d’hospitalité est rarement posé personnellement, par celui qui invite.

    Jésus est identifié par ses disciples comme un didascalos, c’est-à-dire un maître. Même s’il met tout en œuvre pour montrer qu’il est un maître différent en étant proche des pauvres et des riches, des croyants et des pécheurs, des juifs et des non juifs, les disciples n’ont pas fait le déplacement intérieur qui leur permet de se libérer des barrières et des clichés. Voilà ce qui explique la réaction de Pierre : « Me laver les pieds à moi ! Jamais ! »

    A l’époque, on chaussait des sandales et marchait à pied, en prenant du sol, toute sorte d’impureté. Jésus le maître et le Seigneur finira par se baisser, puis avec des mains nues car non protégées par des gans, entrera en contact avec la saleté et l’impureté des pieds des disciples y compris Pierre, pour les laver et les essuyer. Ce faisant, il brise ce type de rapport dégradant qui existait entre le maître et l’élève, les puissants et les faibles, ainsi que le regard conflictuel qui existait entre diverses catégories de personnes. Luc dans son évangile a rapporté un incident au cours duquel les disciples se disputaient entre eux, cherchant à déterminer qui était le plus grand. Jésus répondit en disant : Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert. (Luc 22, 24-27). 

    En lavant les pieds à ses disciples, Jésus leur donne une leçon de service mutuelle, et indique pour l’humanité une nouvelle manière d’être, et une nouvelle façon de concevoir le rapport à autrui.  Les relations maître/élève ; maître/esclave ; fort/faible ; riche/pauvre telle que conçues par les humains doivent évoluer, et changer pour que ces catégories très souvent en antagonisme dans leurs fonctionnements redeviennent humaines. La joie, l’harmonie et la paix dépendent d’une véritable rencontre qui élève celui qui est abaissé, qui remet en cause les clichés et qui réhausse la dignité des autres :  si je ne te lave pas (si je ne m’abaisse pas vers toi et que tu ne t’élèves pas vers moi), tu n’as aucune par avec moi.

     

    PRIERE

    Seigneur apprends-nous à RENCONTRER les autres, et à mieux aimer, évitant de tomber dans la tentation de mépriser ou d’exploiter le faible et le pauvre. Donne-nous d’être aujourd’hui des serviteurs et des servantes dont tu as besoin pour rendre à la création ses lettres de noblesse. Par Jésus-Christ, ton fils qui a pris le poids de nos fardeaux. Amen

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du 31 mars 2021, Mercredi saint

    Matthieu 26, 14-25 21

    Pendant qu'ils mangeaient, il dit : « En vérité, je vous le déclare, l'un de vous va me livrer. » 22 Profondément attristés, ils se mirent chacun à lui dire : « Serait-ce moi, Seigneur ? » 23 En réponse, il dit : « Il a plongé la main avec moi dans le plat, celui qui va me livrer. »

     

    Qui livre Jésus ?

    Cette question est encore actuelle : au moment où j’écris, au moment où vous lisez cette méditation Jésus est entrain d’être livré. La déclaration du verset 21, Jésus l’aurait faite aujourd’hui : « l’un de vous va me livrer ». Comment savoir qui va livrer Jésus ?

    Il est très facile d’indexer Judas comme le livreur de Jésus ; nous sommes alors loin de comprendre qu’en réalité tous les disciples sont des potentiels livreurs, comme nous aussi, ses disciples d’aujourd’hui. Comment est ce que ces versets me font comprendre que moi aussi, je suis potentiellement cette personne qui va livrer Jésus ? Et surtout pourquoi ?

    « Pendant qu’il mangeait », Jésus annonce que c’est par le truchement d’une personne qui se trouve parmi ses intimes qu’il sera livré. Si les onze autres disciples avaient été au clair avec eux-mêmes sur leur relation à Jésus, ils auraient pu demander lequel d’entre nous ? Mais la déclaration de Jésus les a emmenés à faire chacun un examen de conscience : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Cette réaction laisse entrevoir que les disciples se comprennent chacun comme potentiel livreur de Jésus, idée que semble confirmer la réponse de Jésus au verset 23 : « Il a plongé la main avec moi dans le plat, celui qui va me livrer. »

    En réalité, Jésus n’a pas indiqué quelqu’un, et sa réponse est vague, parce que dans la tradition en Palestine lorsqu’on mange, on met le repas dans une grande assiette et tous les convives rassemblés autour y plongent la main pour en prendre bouchée après bouchée. Jésus s’adresse donc à chacun individuellement, puisque chacun plonge la main dans le plat. Ce serait donc se tromper que de pointer le doigt sur Judas tout en se croyant exempt de tout péché. Tous l’ont livré, chacun à sa manière : « Alors les disciples l'abandonnèrent tous et prirent la fuite. » (Mt 26,56)

    Judas n’est pas plus livreur que les autres disciples, il n’est pas plus livreur que les disciples d’aujourd’hui, même les plus fanatiques car Jésus est encore livré à toute sorte de désirs et de pratiques contre lesquels il se serait levé, vu la déchéance humaine, la misère et la souffrance que l’on observe dans un monde supposé « civilisé », où l’avancé de la science et le niveau de développement n’excuse plus l’exploitation de l’homme par l’homme et la destruction de son milieu de vie.

    Que la prise de conscience de cette réalité nous aide à nous remettre personnellement en question, et à nous en remettre humblement à Dieu, pour nous éloigner de la position de livreur, et pour être en mesure de pardonner aux autres ce pourquoi nous aussi nous pourrons, d’une manière ou d’une autre, être accusés.

    Prière

    Seigneur pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi, à ceux qui nous ont offensés. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

  • Méditation du 30 mars 2021, Mardi saint

    Jean 13, 21-33.36-38

    Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé intérieurement et il déclara solennellement : « En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un d'entre vous va me livrer. » 22 Les disciples se regardaient les uns les autres, se demandant de qui il parlait. 23 Un des disciples, celui-là même que Jésus aimait, se trouvait à côté de lui. 24 Simon-Pierre lui fit signe : « Demande de qui il parle. » 25 Se penchant alors vers la poitrine de Jésus, le disciple lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » 26 Jésus répondit : « C'est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper. » Sur ce, Jésus prit la bouchée qu'il avait trempée et il la donna à Judas Iscariote, fils de Simon. 27 C'est à ce moment, alors qu'il lui avait offert cette bouchée, que Satan entra en Judas. Jésus lui dit alors : « Ce que tu as à faire, fais-le vite. » 28 Aucun de ceux qui se trouvaient là ne comprit pourquoi il avait dit cela. 29 Comme Judas tenait la bourse, quelques-uns pensèrent que Jésus lui avait dit d'acheter ce qui était nécessaire pour la fête, ou encore de donner quelque chose aux pauvres. 30 Quant à Judas, ayant pris la bouchée, il sortit immédiatement : il faisait nuit. 31 Dès que Judas fut sorti, Jésus dit : « Maintenant, le Fils de l'homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié par lui ; 32 Dieu le glorifiera en lui-même, et c'est bientôt qu'il le glorifiera. 33 Mes petits-enfants, je ne suis plus avec vous que pour peu de temps. Vous me chercherez et comme j'ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez venir”, à vous aussi maintenant je le dis. (…) 36 Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. » 37 « Seigneur, lui répondit Pierre, pourquoi ne puis-je te suivre tout de suite ? Je me dessaisirai de ma vie pour toi ! » 38 Jésus répondit : « Te dessaisir de ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le dis, trois fois tu m'auras renié avant qu'un coq ne se mette à chanter.»

    Le calme, la méditation et la prière

    Jésus sait que les heures qui arrivent seront très difficiles à vivre, et il connaît comment les choses se passeront : le projet de son père va s’accomplir, mais l’un des siens se laissera utiliser pour se faire. Il y a donc ici deux situations douloureuses qui pourtant ne le déstabilisent véritablement pas. Au-delà du fait que l’évangéliste Jean dise que « Jésus fut troublé », il faut retenir qu’il le fut intérieurement. En temps qu’humain, il a aussi éprouvé les sentiments que tout être humain normal peut expérimenter : l’empathie, la tristesse (il a pleuré lorsque son ami Lazare était mort, il fut triste lorsque face à lui il voyait des foules misérables etc.). En précisant que le trouble de Jésus était intérieur à lui, l’évangéliste attire naturellement l’attention du lecteur sur le fait que ce trouble n’était pas visible, il n’était pas perceptible par ceux qui étaient face à lui. Autrement dit, nous ne le saurions pas s’il ne l’avait pas mentionné afin que nous qui lisons, nous en soyons informés. Ce faisant, ce que l’évangéliste voudrait aussi souligner, c’est ce que les disciples qui étaient en sa compagnie en ce moment particulier où il dit ces choses « solennellement », n’auraient pas constaté sa tristesse.

    Jésus qui était aussi un humain, a donc développé une maitrise de soi devant une tempête foudroyante qu’il voyait venir. On peut bien mentionner cette maîtrise de soi, parce que même lorsqu’il annonce que l’un des siens le trahira, c’est avec sérénité qu’il le fait : d’abord, il indique sans émotions la personne qui va le trahir, au point que les disciples ne s’en rendent même pas compte, et ne sont finalement pas au courant de la gravité de ce que Judas va faire : « Aucun de ceux qui se trouvaient là ne comprit pourquoi il avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse, quelques-uns pensèrent que Jésus lui avait dit d'acheter ce qui était nécessaire pour la fête, ou encore de donner quelque chose aux pauvres » (v28-29). Puis, avec la même sérénité, il informe Pierre qui manifeste un zèle plutôt maladroit, qu’il le reniera.

    Voilà une attitude qui permettra à Jésus de faire face à son épreuve avec dignité : il voit venir les choses, il a devant lui le traite, il a devant aussi, lui le disciple qui dit l’aimer le plus et qui va bientôt le renier à plusieurs reprises, et il ne s’agite pas, il ne les maudit pas, il n’en fait pas un drame. Il n’en fait pas un drame parce qu’il sait que l’heure est grave et que ces disciples eux- aussi vont souffrir à leur manière de cette grande épreuve. Il y a dans sa maîtrise de soi, une volonté de les ménager ; il y a derrière son attitude la manifestation d’un amour fort qui est soucieux de protéger ses amis en ce moment crucial. Les disciples ont besoin de cet amour qui leur procurera beaucoup de force pendant la période difficile dont l’intensité va s’augmenter progressivement jusqu’au vendredi.

    En quoi est ce que pareille attitude peut nous concerner, nous ses disciples d’aujourd’hui ?

    Les événements que nous expérimentons à l’instar de la pandémie à la Covid 19, et de tous nos problèmes les plus personnels, nous déstabilisent au plus haut point. Il n’ y a pas un seul pays aujourd’hui qui ne passe pas par des moments particulièrement difficiles sur tous les plans, avec des conséquences directes sur la vie des êtres humains, sur les animaux et sur la nature. Devant l’incertitude, plusieurs s’abandonnent ou se laissent aller, en développant beaucoup de stress, en maudissant les autres, en jetant l’opprobre sur les institutions, et même sur Dieu. Or cette attitude, loin de nous aider nous éloigne de la solution, puisqu’elle nous empêche de nous concentrer sur la recherche des voies possibles, en nous mobilisant plutôt vers la gestion des intrigues et des conflits que notre attitude crée en nous-même, et avec les autres.

    Le calme ou la maîtrise de soi, la méditation et la prière sont nos alliées lorsque surviennent les moments difficiles, pour nous aider à y faire face dans la dignité, sans tomber dans des accusations sans fins, au moment où il faut être positif pour se concentrer avant tout sur la recherche des moyens de s’en sortir.

    Que l’Esprit du Christ nous habite pendant nos moments obscurs, pour nous apporter de l’assurance, la maîtrise de soi et la lumière, car sa mort annoncée pointe sur sa Résurrection et sur la nôtre.

    Prière

    Seigneur Jésus-Christ, prends sur ta croix ce qui me gêne, ce qui me peine, ce qui m’inquiète et m’accable. Prends soin de mon lendemain. Amen.

    Pasteure Priscille Djomhoué

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