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Méditation du Jeudi saint, 1er avril 2021

Jean 13, 1-15

(…) 4 Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. 5 Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6 Il arrive ainsi à Simon-Pierre qui lui dit : « Toi, Seigneur, me laver les pieds ! » 7 Jésus lui répond : « Ce que je fais, tu ne peux le savoir à présent, mais par la suite tu comprendras. » 8 Pierre lui dit : « Me laver les pieds à moi ! Jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu ne peux pas avoir part avec moi. » (…) 14 Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; 15 car c'est un exemple que je vous ai donné : ce que j'ai fait pour vous, faites-le-vous aussi.

 

Si je ne te lave pas, tu n'as aucune part avec moi

Ce n'est pas un poisson d'avril, Jésus a lavé les pieds de ses élèves

 

Pourquoi Simon - Pierre ne veut pas se faire laver les pieds par Jésus ? Pourquoi Jésus insiste-t-il? Le milieu de vie de Jésus et ses disciples est un monde très complexe où il y a des groupes, des castes et beaucoup de clichés. Il y a même des personnes qui n’existent pas bien qu’existant. Les femmes et les enfants ne sont pas comptés, et lorsqu’il faut absolument parler d’elles, beaucoup prennent le nom d’un cliché qui leur est collé à la peau, comme la femme adultère, la femme hémorroïsse… et cette femme anonyme de notre texte de méditation. Cette situation n’est pas propre seulement aux femmes et aux enfants ; les hommes qui de la même manière n’existe pas sont nommés de leur cliché : l’homme à la main sèche. D’un côté il y a les puissants et d’autre les faibles ; les maîtres et les esclaves. Et le regard porté par les plus forts sur les plus faibles est dégradant.

Le lavage des pieds d'une autre personne est considéré comme une tâche dégradante qui ne peut être réalisée que part des personnes qui en sont « dignes » : les esclaves et les femmes païennes. Les disciples peuvent à l'occasion laver les pieds de leur maître de leur propre gré, mais sans obligation. Cet acte gracieux d’hospitalité est rarement posé personnellement, par celui qui invite.

Jésus est identifié par ses disciples comme un didascalos, c’est-à-dire un maître. Même s’il met tout en œuvre pour montrer qu’il est un maître différent en étant proche des pauvres et des riches, des croyants et des pécheurs, des juifs et des non juifs, les disciples n’ont pas fait le déplacement intérieur qui leur permet de se libérer des barrières et des clichés. Voilà ce qui explique la réaction de Pierre : « Me laver les pieds à moi ! Jamais ! »

A l’époque, on chaussait des sandales et marchait à pied, en prenant du sol, toute sorte d’impureté. Jésus le maître et le Seigneur finira par se baisser, puis avec des mains nues car non protégées par des gans, entrera en contact avec la saleté et l’impureté des pieds des disciples y compris Pierre, pour les laver et les essuyer. Ce faisant, il brise ce type de rapport dégradant qui existait entre le maître et l’élève, les puissants et les faibles, ainsi que le regard conflictuel qui existait entre diverses catégories de personnes. Luc dans son évangile a rapporté un incident au cours duquel les disciples se disputaient entre eux, cherchant à déterminer qui était le plus grand. Jésus répondit en disant : Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert. (Luc 22, 24-27). 

En lavant les pieds à ses disciples, Jésus leur donne une leçon de service mutuelle, et indique pour l’humanité une nouvelle manière d’être, et une nouvelle façon de concevoir le rapport à autrui.  Les relations maître/élève ; maître/esclave ; fort/faible ; riche/pauvre telle que conçues par les humains doivent évoluer, et changer pour que ces catégories très souvent en antagonisme dans leurs fonctionnements redeviennent humaines. La joie, l’harmonie et la paix dépendent d’une véritable rencontre qui élève celui qui est abaissé, qui remet en cause les clichés et qui réhausse la dignité des autres :  si je ne te lave pas (si je ne m’abaisse pas vers toi et que tu ne t’élèves pas vers moi), tu n’as aucune par avec moi.

 

PRIERE

Seigneur apprends-nous à RENCONTRER les autres, et à mieux aimer, évitant de tomber dans la tentation de mépriser ou d’exploiter le faible et le pauvre. Donne-nous d’être aujourd’hui des serviteurs et des servantes dont tu as besoin pour rendre à la création ses lettres de noblesse. Par Jésus-Christ, ton fils qui a pris le poids de nos fardeaux. Amen

Pasteure Priscille Djomhoué

 
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