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Méditation du vendredi saint, 2 avril 2021

Jean 18, 1-19, 40

29 Pilate vint donc les trouver à l'extérieur et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » 30 Ils répondirent : « Si cet individu n'avait pas fait le mal, te l'aurions-nous livré ? » 31 Pilate leur dit alors : « Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu'un à mort ! » (…) 38 Pilate lui dit : « Qu'est-ce que la vérité ? » Sur ce mot, il alla de nouveau trouver les Juifs au-dehors et leur dit : « Pour ma part, je ne trouve contre lui aucun chef d'accusation. 39 Mais comme il est d'usage chez vous que je vous relâche quelqu'un au moment de la Pâque, voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » 40 Alors ils se mirent à crier : « Pas celui-là, mais Barabbas ! » Or ce Barabbas était un brigand.

 

Pas celui-là, mais Barabbas !

A l’occasion des festivités de la Pâque juive, il était de tradition qu’un prisonnier soit libéré. Cette année-là Jésus de Nazareth, celui que les foules suivaient même à la tombée de la nuit pour bénéficier de ses enseignements, de ses soins sanitaires, et de ses prises en charge alimentaire était arrêté par les autorités juives. C’est lui qui lors d’une entrée à Jérusalem est solennellement accueilli par les foules. Il y avait aussi Barabbas que l’évangéliste prend le soin de décrire comme étant un brigand. Un bienfaiteur et un malfaiteur, mais le malfaiteur sera libéré, et le bienfaiteur pendu.

Les paradoxes d’une justice ignominieuse n’ont pas cessé de nous surprendre et de nous déstabiliser. Qu’est ce qui n’a pas marché en l’an plus ou moins 30 après Jésus-Christ ? L’expérience du Christ qui garde son calme et sa dignité me parle beaucoup : en effet, il connaît très bien le genre de dirigeants auxquels il s’est opposé durant son ministère public, précisément dans sa lutte pour la dignité des faibles et des rejetés. Il est conscient de ce qui va lui arriver, mais dans la confiance et avec assurance, il passe son interrogatoire et garde sa dignité.

Les dés sont pipés dès le départ, car derrière l’arrestation de Jésus se joue non pas une réparation de tort, mais une rancune contre celui qui a apporté de la lumière. Dans l’empire romain, les dirigeants juifs avaient une autorité sur les affaires civile et pénale, mais Rome conservait un contrôle total sur les crimes capitaux, à l’instar de ceux de Barabbas. Ils ne pouvaient donc « faire mourir » qui que ce soit : voilà pourquoi ces juifs vont vers Pilate. Or ce dernier ne peut faire mourir Jésus que s’il est coupable de sédition ou de révolte contre l’autorité établie. Pilate interroge les accusateurs sur la faute de Jésus, et leur réponse est celle-ci : « Si cet individu n'avait pas fait le mal, te l'aurions-nous livré ? » (18,30).  C’est une réponse boiteuse qui ne dit rien, mais invite Pilate à leur faire confiance et à condamner Jésus sur la base des allégations. Pilate atteste l’innocence de Jésus : « Je ne trouve aucun fondement pour une accusation contre lui », et propose alors de s’en référer à la coutume juive pour libérer Jésus. Mais il butte sur un choix gênant : Il faut plutôt libérer Barabbas le voleur.

Pilate déclare Jésus innocent, mais il honore finalement la demande du grand prêtre pour la condamnation et l'exécution de Jésus. Et cette attitude de celui qui décide, face à une vérité judiciaire claire et indiscutable ? Et nos silences craintifs ou complices d’aujourd’hui, face aux injustices multiformes et connues, qui ruinent l’humanité et l’environnement ?

Prière

Seigneur, tu as dit : « vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ». Comment serons-nous affranchis si la vérité connue n’est pas dite ? Que ton Esprit vienne en nous pour qu’aucune situation d’injustice ne soit perpétrée avec notre silence complice, aussi bien sur les humains que sur ta création. Par Jésus-Christ qui s’est donné pour que nous travaillions courageusement et audacieusement, à promouvoir la venue de ton Royaume. Amen.

Pasteure Priscille Djomhoué