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Méditation du 1er novembre 2020

Méditation du 1er novembre 2020

Gn 32, 23-32 

23 Cette même nuit, il se leva, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et il passa le gué du Yabboq. 24 Il les prit et leur fit passer le torrent, puis il fit passer ce qui lui appartenait, 25 et Jacob resta seul. Un homme se roula avec lui dans la poussière jusqu'au lever de l'aurore. 26 Il vit qu'il ne pouvait l'emporter sur lui, il heurta Jacob à la courbe du fémur qui se déboîta alors qu'il roulait avec lui dans la poussière. 27 Il lui dit : « Laisse-moi car l'aurore s'est levée. » — « Je ne te laisserai pas, répondit-il, que tu ne m'aies béni. » 28 Il lui dit : « Quel est ton nom ? » — « Jacob », répondit-il. 29 Il reprit : « On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l'as emporté. » 30 Jacob lui demanda : « De grâce, indique-moi ton nom. » — « Et pourquoi, dit-il, me demandes-tu mon nom ? » Là même, il le bénit. 31 Jacob appela ce lieu Peniel — c'est-à-dire Face-de-Dieu — car « j'ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauve ». 32 Le soleil se levait quand il passa Penouël. Il boitait de la hanche.

 

Méditation        Tourment /plaisir, malheur/bénédiction

Comment ne pas rappeler le contexte du combat qui se déroule dans ce récit, lequel se termine par un paradoxe : un handicap et une bénédiction à la fois. Celui qui est connu comme le gagneur de tout temps, lui-même rusé et soutenu par une maman rusée, se présente aussi comme le meilleur perdant car il a besoin à toutes les occasions, des personnes qu’il a vaincu : Jacob est un géant au pied d’argile. C’est le destin de l’humain, dont le bonheur s’acquiert dans une manière d’être et de vivre en perpétuel perfectionnement, est toujours tributaire des autres et surtout de Dieu, au-delà de toute prétention. Malheur et bénédiction se côtoient intimement, mais à quelle condition ?

Jacob veut maîtriser sa vie et son bonheur, et les moyens qu’il utilise ne sont pas toujours correctes moralement, même s’ils aboutissent dans l’immédiat au résultat escompté. Avec la complicité de sa maman, il détourne la bénédiction qui revenait à son frère jumeau Esaü. De nos jours, on parle de « stratégie » au singulier : un moyen qui détruit tout sur son passage, et qui ne laisse finalement que frustrations de part et d’autre. La malhonnêteté vue sous le label de stratégie, s’habille alors d’un visage positif. Mais pour la suite, comme cela se passe dans l’émission intitulée « 4 mariages pour une lune de miel » où s’en sortent mal aussi bien les dames injustes qui gagnent après avoir joué la stratégie et les autres mariées juges, Jacob ne sera jamais en paix, et redoutera toujours la vengeance de son frère.

La bénédiction obtenue par la ruse, au lieu de lui procurer du bonheur va hanter sa vie, au point où il prendra la résolution d’aller vers son frère Esaü pour se faire pardonner, et se libérer de ses tourments. C’est son premier appel à l’aide.

Seulement, Il met encore sa ruse en œuvre et fait avancer en cortège, ses serviteurs en possession des biens précieux : ceux-ci diront donc à Esaü à tour de rôle, que les animaux lui sont destinés de la part de jacob qui arrive à la fin du cortège. Jacob est sûr de séduire son frère de cette manière : il croit en effet l’acheter à coût de richesse. Mais le voilà qui décide quitter le cortège, il s’arrête tout seul et laisse passer une nuit avant la rencontre. Il est alors face à sa conscience, et face à Dieu avec qui il lutte jusqu’au petit matin.

Ayant lutté avec Dieu toute la nuit, Jacob gagne la bataille, mais s’en sort avec une fracture. Il gagne, mais s’incline, s’accrochant à Dieu pour demander pour une deuxième fois de l’aide : « Je ne te laisserai pas, répondit-il, que tu ne m'aies béni. » v 27b.

Il y a quelque chose d’intrigant et de dérangeant chez Jacob, une contradiction qui réclame réflexion. Il est c’est celui qui met tout en œuvre pour orienter son destin, pour le maîtriser. Seulement au lieu d’obtenir ce pourquoi il a bravé jusqu’aux règles morales, il se retrouve à la case de départ. Ses désirs ne sont pas comblés au contraire, il éprouve un manque, un vide qui le conduit vers celui qu’il a déshérité par la ruse. Il veut arranger les choses parce qu’au lieu d’être apaisé, il est troublé. Il a obtenu la succession de leur père, il a des biens, il a des femmes, il a une grande famille, mais il lui manque l’essentiel. Il revient sur ses pas, il n’est plus celui qui mène son destin avec rage, il est demandeur, il est dépendant. Dépendant de son frère, et dépendant de Dieu.

Comme Jacob, nous essayons toujours d’être maître et maîtresse de notre bonheur, par tous les moyens. La stratégie est devenue règle, bien que violant les règles, au point où celles et ceux qui ne la pratiquent pas passent pour anormales.aux.  La Science a fait des prouesses par tous les moyens et la technologie est encore très ambitieuse, mais nous sommes reconfiné.es, et confus.es. Pouvons-nous nous en sortir sans état d’âme ? La Science peut- elle nous sauver s’il elle n’a pas de conscience ?  Saurons-nous comme Jacob avoir la sagesse de nous retourner vers Dieu ?

Jacob s’en sort boiteux, mais il est béni. Nous avons déjà perdu beaucoup de personnes, prématurément dans cette histoire de Covid, tout comme dans les guerres et les dictatures qui nient la dignité humaine, et nous en perdrons encore sous le regard indifférent de beaucoup. Nous sommes déjà tous.tes  blessé.es et affecté.es de ces situations dont les traumatismes nous habiteront encore longtemps; allons-nous continuer à foncer comme des bêtes féroces sans discernement ? Jacob a tout arrêté pour changer de chemin, pour revenir sur ses pas, à la rencontre de son frère et de Dieu.

Le Seigneur nous attend, pour nous bénir, au-delà de nos blessures. Amen.

PRIERE

Seigneur, tu connais le cœur de l’humain ; nous ne pouvons pas nous cacher, nous ne pouvons pas nous-mêmes ignorer qui nous sommes ; nous ne pouvons pas fuir loin de toi, et les conséquences de nos actes nous rattrapent. Ai pitié de nous, béni nous par le nom de Jésus-Christ. Amen.

Pasteure Priscille DJOMHOUE