Méditation du 25 mai 2020

Jn 17, 9-17

9 Je prie pour eux ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, 10 et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et j'ai été glorifié en eux. 11 Désormais je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous sommes un. 12 Lorsque j'étais avec eux, je les gardais en ton nom que tu m'as donné ; je les ai protégés et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, en sorte que l'Ecriture soit accomplie. 13 Maintenant je vais à toi et je dis ces paroles dans le monde pour qu'ils aient en eux ma joie dans sa plénitude. 14 Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde. 15 Je ne te demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du Mauvais. 16 Ils ne sont pas du monde comme je ne suis pas du monde. 17 Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.

 

Jésus prie pour moi, Il prie pour toi.

 

Jésus l’Envoyé, s’adresse à son Père dans une prière d’adieu qu’il articule en trois étapes : il prie pour lui-même (v1-8), pour les disciples qui l’ont connu directement (v 9-19), et pour les disciples qui ont cru par le témoignage des premiers (v20-26).

Après avoir évalué son œuvre comme le lieu de la manifestation de Dieu, Jésus parle de sa mort non pas comme un échec de Dieu, mais comme l’aboutissement de Sa volonté : l’envoyé est crucifié et glorifié pour le salut des êtres humains.

Ce texte est placé juste avant la crucifixion dans l’évangile de Jean. Mais le calendrier liturgique le programme entre l’Ascension et la Pentecôte. Ce qu’il faudrait comprendre, c’est que dans les deux cas, l’enjeu est celui des adieux : les disciples seront privés de la présence physique de leur maître. La mort tout comme l’Ascension justifie l’envoie du Paraclet (Pentecôte) qui est le consolateur.

Si la prière de Jésus est d’abord adressée à Dieu, elle rassure le croyant qui en prend connaissance: en effet, les disciples ne sont pas orphelins, ils ne sont pas abandonnés à eux-mêmes dans un monde qui leur est hostile.

Après avoir prié pour lui-même, Jésus prie pour ses disciples, compris globalement comme ceux qui l’ont reçu. La prière pour les disciples se justifie par le fait que ces derniers évoluent dans un monde qui leur est hostile. Le monde  dans l’évangile de Jean a un sens tout à fait particulier: le monde, c’est ce qui se caractérise par le refus de l’Envoyé. Le monde, c’est la surdité, c’est ce qui ne peut pas entendre, et qui ne peut pas recevoir. Jésus ne prie donc pas pour le monde mais pour eux, pour ses disciples, pour ceux qui ont cru, ceux qui l’ont reçu comme parole du Père, et qui doivent s’en sortir face à la surdité et au rejet, sans toutefois succomber. A bien lire les versets 11 à 16, on comprendra mieux, lorsqu’il qu’il précise: « …ils sont dans le monde et ils ne sont pas du monde ».

Si les disciples naissent dans le monde, le fait pour eux de croire en le Fils de Dieu ou de l’envoyé de Dieu et de le recevoir change tout. Ils arrivent dans le monde, mais leur origine c’est Dieu, c’est-à-dire « ceux qui sont nés non pas de la chair et du sang mais de Dieu » (Jn1,13). 

La distinction entre le monde et les siens qui sont dans le monde ne signifie pas qu'il y a une catégorie d’humains qui sont les siens et une autre catégorie qui ne sont pas les siens. Le monde, c'est ce qui fait souffrir et qui donne la mort.  Il ne s’agit donc pas de faire un tri entre les humains. Par conséquent, il peut avoir en chaque être humain, ce qui fait souffrir et ce qui refoule la souffrance. Le chrétien par essence, puisque né de Dieu, n’est pas assujetti à ce qui fait souffrir, et à ce qui donne la mort.

Ayant conscience de son départ imminent, Jésus confie ses disciples à Dieu, pour les protéger, et les accompagner de telle sorte qu’ils ne se retrouvent pas seuls face à l’hostilité après son départ physique: pour cela leur unité qui se présente comme une autre intention de prière, laquelle trouve sa signification dans la relation entre le Père et le Fils, se concrétise dans l’amour mutuel qu’ils manifestent. Ils affronteront alors cette hostilité (qui peut se retrouver aussi en eux-mêmes) sans y succomber.

Jésus prie aussi pour la sanctification de ses disciples. Cette sanctification n’est pas le fruit d’un ensemble de rites ou de choses à faire ou à ne pas faire, mais le résultat d’une relation avec Dieu. Bien entendu, la relation avec Dieu change notre penser et notre agir, de telle sorte que le disciple (qui n’est pas du monde, qui n’est pas de ce qui fait souffrir, qui n’est pas de ce qui donne la mort) puisse ventiler ce que l’apôtre Paul appelle les fruits de l’Esprit (Ga 5,22).

Dans ce contexte de difficulté, de souffrance, de crise multidimensionnelle, et même de mort omniprésente,  Jean invite le disciple, le chrétien, le croyant à se laisser pénétrer par cette prière de Jésus, à laisser ces paroles entrer dans son cœur : Jésus prie pour ses disciples, il prie pour moi et pour toi : il demande à son Père de me/te protéger. Je peux alors faire confiance, être tranquille car enveloppée par cette prière de Jésus le Christ.

 

PRIERE

Seigneur, c’est auprès de Toi que je cherche la tranquillité, car c’est Toi qui me donne espoir et qui me rassure. Merci de te soucier de moi, merci de prier pour moi. Amen.

Pasteure Priscille Djomhoué