Méditation du 4 avril 2020
Luc 4,31-35a
En ce temps-là,
Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat. On était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité.
Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé par l’esprit d’un démon impur,
qui se mit à crier d’une voix forte : « Ah ! Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus le menaça : « Silence !
Matthieu 11, 29
29 Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.
Prenez mon joug, je suis doux et humble de cœur.
A cheval entre deux siècles, je suis surprise de remarquer combien les choses changent avec une vitesse effroyable au 21ème siècle : peut-être le fait des média et des réseaux sociaux. Mais c’est bien spécial de voir que le cri et la violence l’emportent.
Je n’avais jusqu’alors pas connu une violence aussi effroyable dans le langage. Les campagnes électorales, les campagnes d’évangélisation, les allocutions: on s’exprime violemment, on vote des dirigeants violents au langage dur, criant très fort pour se faire entendre; même l’Eglise affiche le cri, l’hystérie et la violence sur tous les continents, comme si l’Evangile était cri, agitation et violence.
Les cris l’agitation et la violence tendent à devenir un modèle de fonctionnement, et nous récoltons les fruits qui en découlent dans les actes, dans les découvertes, dans les divertissements, etc.
Il y en a qui nous font encore rêver, il y en a qui donnent encore envi et qui ne sont plus tellement entendus. Mais l’attitude de nombreux nous amène à dire, comme cet enfant qui, revenu après sa première journée d’école maternelle demande à son papa : « c’est quoi l’autorité ?»
Si aujourd’hui, un de mes petits-enfants me posait cette question, je serai perplexe, car j’appréhende bien qu’on ne se comprendra même pas. Heureusement il y a encore un guide, et un maître qui ne change pas pour m’aider à répondre. Il y a dans ce livre qui vaut et qui vaudra toujours de l’or, de quoi s’orienter : dans la Bible, Jésus enseignait, et son enseignement était toujours vu par les foules étonnées comme parole d’autorité. Le texte de l’évangéliste Luc illustre ce qu’il entend par autorité. Il y avait un malade, possédé par des esprits impurs et qui ne pouvait s’exprimer qu’en criant très fort. Et la première parole que Jésus prononce: Silence. Le silence, ne signifie pas que le contenu de la parole est fausse nécessairement, parce que Jésus entend bien quel est le problème du malade. Le mot silence est une réponse la manière selon laquelle la parole est prononcée, car en effet derrière le crier se cache ce qui possède. Derrière le crier, il y a le tourment, il y a ce qui rend malade. Face au crier, Jésus oppose le silence, et le récit se termine par la stupéfaction liée à l’apaisement.
Il y a dans le crier quelque chose de malsain, quelque chose qui dit le tourment dans lequel se trouve celui qui parle. Parler en criant, c’est exprimer son tourment. Comment donc de nos jours préférons-nous le crier, la violence dans le langage, la violence dans l’action, la violence dans les films, la violence de l’armée, la violence dans les discours politiques, de la violence dans les discours des chercheurs qui sont réputés comme des travailleurs que l’on n’entendait pas souvent parce que travaillant dans le silence et l’isolement ? Ce qui est le plus vendu dans le monde aujourd’hui, c’est le crier, le bruit, la violence.
Il y en a heureusement qui nous font encore rêver, quoi que n’étant plus physiquement de ce monde. Ils furent des politiques et des religieux: Ghandi, Nelson Mandela, Martin Luther King etc.
En ce moment précis de l’histoire de l’humanité, nous avons besoin de paroles douces et apaisantes. L’heure nous oblige à nous retourner, à changer de modèle, à devenir des imitateurs de Jésus, à savoir être « doux et humble de cœur ».
PRIERE
Seigneur, nous avons besoin plus que jamais, de calme en ce moment: guéri nous de ce qui en nous crie, et donne nous de parler avec douceur car pour toi, l’autorité du parler réside dans la vérité et l’efficacité du contenu de notre propos, et non dans le crier. Par Jésus notre Seigneur et sauveur. Amen.
Pasteure Priscille Djomhoué