Méditation du 21 avril 2020

Mt 19, 16b-17 ; 20-22

« Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » 17 Jésus lui dit : « Pourquoi m'interroges-tu sur le bon ? Unique est celui qui est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » (…) 20 Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l'ai observé. Que me manque-t-il encore ? » 21 Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » 22 A cette parole, le jeune homme s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.

 

L’argent ou  la vie ?

A la question de savoir ce qui entrave l’épanouissement de l’être humain, il me semble qu’il n’y a plus de recherche à faire : la réponse est trouvée de plus la nuit des temps, et elle se trouve sous les yeux malvoyants des hommes et des femmes formatés par les conventions sociales, pour regarder ailleurs. Jésus avait lui aussi incriminé l’argent, plus précisément l’obsession de l’argent.

Jésus a bien compris qu’entre l’être humain et la Vie s’interpose l’argent ou l’avoir. L’argent est un moyen utilisé pour acquérir des biens (il y a eu d’autres moyens à travers l’histoire humaine). Mais il semble plutôt perçu  et considéré comme condition et substitut à la vie. Et c’est cela qui fait problème.

Un jeune homme était suffisamment riche, mais accablé par un mal être, témoin  d’une vie absente. Il posa donc à Jésus la question au bout de laquelle il espérait retrouver sa vie : Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? La première réponse de Jésus est bien celle que le pasteur reprend lorsqu’il fait face aux cas similaires : Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements (Mt19, 17c). C’est une réponse généralisante, qui ne pointe pas du doigt le problème: et ça ne marche pas pour quelqu’un qui ne veut pas/peut pas trop réfléchir pour chercher dans un ensemble très vaste, une seule chose qui lui manque. Jésus a très bien compris, lorsque ce dernier lui dit avoir déjà tout observé les commandements, et que le résultat escompté ne s’est pas présenté.

Jésus doit donc nommer le mal : le jeune riche doit se défaire de l’omniprésence de l’argent. Pour voir la vie, il faut se décharger de l’obsession de l’argent. L’argent s’interpose entre l’homme et la vie, l’argent l’obsède, l’argent possède et empêche d’être soi-même et d’exister.

L’être humain aujourd’hui aussi, manipulé par le pouvoir que les conventions sociales a donné à l’argent en est devenu l’esclave ; un esclave, c’est quelqu’un qui a perdu sa liberté, c’est quelqu’un qui ne vit plus pour lui-même, mais pour son maître. L’humain n’est plus capable de voir la vie en soi ou en réel, car elle est perçue par le prisme de l’argent, une barrière qu’il faudrait lever. Le jeune homme s’en va déçu, refusant ainsi de déposer son fardeau.

Si l’argent aujourd’hui encore est le moyen d’acquérir les biens, la nourriture, des médicaments, il nous apparaît clair qu’en ce contexte de covid 19, il n’achète pas la vie : combien sont déjà partis, laissant derrière eux une richesse qui n’a même pas pu acheter un médicament? Comment comprendre comme le relaient les médias, les détournements des conteneurs de masques par des nations pourtant riches? Comment comprendre le manque du matériel soignant alors que des sommes énormes reposent dans des banques et des trésors publics? Combien d’argent votent et libèrent les gouvernements aujourd’hui, pour sauver la situation devant une nature qui se montre vainqueur?

Pour l’heure, c’est encore à l’unanimité que l’on affirme que seule la nature soigne le covid 19 ; il n’y a pas encore de vaccin et de médicaments, et des personnes sont déclarées guéries. Devant beaucoup de diagnostiques positifs, les médecins recommandent aux patients de rentrer à la maison sans ordonnances, de se reposer et de revenir seulement si la situation s’empire; puis des guérisons sont constatées. Le dernier mot revient donc à la nature qui  opère le miracle. En attendant que Dieu ouvre l’esprit des chercheurs, nos vies dépendent de la nature selon les scientifiques, mais en réalité de Dieu.

Dans un système de gouvernement du monde qui n’accouche que de cris et de gémissement, l’argent a certes un rôle à jouer, mais il n’achète pas la vie. L’heure est donc venue de se décharger de l’obsession de l’argent et de l’avoir, l’heure est venue de redonner un sens à l’argent, afin de donner aux humains la possibilité de vivre. Si nous devons vivre ou exister, il faut résolument se tourner du côté de la vie, en s’arrêtant de courir dans tous les sens, et de manière effrénée, en détruisant tout, jusqu’à la vie, pour s’arracher de l’argent. Si nous sommes confinés, c’est aussi parce que cet arrêt était nécessaire, Dieu nous l’impose pour réfléchir sur le sens de la vie et sur la place de l’argent dans nos vies.

L’argent doit se démocratiser et être mis d’une manière ou d’une autre suffisamment, à la disposition de tous les êtres humains, afin de leur permettre d’accorder la priorité à la vie, aux valeurs de la vie. La nourriture, la santé, l’oxygène etc. tout nous est donné gratuitement ! La crise actuelle nous interroge aussi sur notre gestion des choses qui nous sont données gratuitement, pour le bien de tous.

 

PRIERE

Seigneur, l’argent peut devenir un piège : en ce moment de réflexion, donne aux humains et aux dirigeants de repenser la fonction de l’argent afin qu’il cesse d’être une chose encombrante. Que ton esprit nous guide pour en faire la chose la mieux partagée du monde, afin que son pouvoir cesse de nous posséder. Par Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur. Amen.

Pasteure Priscille Djomhoué

 

 
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