Méditation du 11 avril 2020
Marc 15,42-47
42 Le soir était déjà là, et comme c’était le jour de la Préparation - la veille du sabbat - 43 Joseph d’Arimathée, un membre honoré du conseil, qui attendait lui aussi le règne de Dieu, arriva. Il osa se rendre chez Pilate pour demander le corps de Jésus. 44 Etonné qu’il soit déjà mort, Pilate fit appeler le centurion et lui demanda s’il était mort depuis longtemps. 45 Renseigné par le centurion, il donna le corps à Joseph. 46 Celui–ci acheta un linceul, descendit Jésus de la croix, l’enveloppa avec le linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau. 47 Marie–Madeleine et Marie, mère de José, regardaient où on l’avait mis.
S’engager pour la justice
En Palestine, c’était une honte de mourir par pendaison. Le corps du supplicié était soit livré aux bêtes, soit enterré sans soins particulier. Mais, les juifs attachaient une grande importance à l’enterrement des leurs. Voilà ce qui à première vue motive Joseph d’Arimathée à rencontrer Pilate. Mais Joseph d’Arimathée n’a pas été signalé dans la famille de Jésus. Il est plutôt membre honoré du Conseil, cette institution qui a décidé, et qui a mis à mort l’homme de Nazareth.
De ce point de vue, on en déduit que Joseph d’Arimathée fait partie du groupe des bourreaux. Il est donc intéressant de s’interroger sur la raison qui emmène l’évangéliste Marc à mentionner qu’il eut le courage d’entrer chez Pilate pour demander le corps de Jésus (v43) ; eh bien comment pouvait-il en ce moment particulier se désolidariser de son groupe ? Parce qu’il s’agit dans l’acte qu’il pose, de désavouer le Conseil dans lequel il fait partie, et qui a pris la décision de se débarrasser de Jésus. Joseph d’Arimathée a certainement été au courant du ministère public de Jésus, et il sait pertinemment que ce dernier n’a rien fait qui réclamait un tel acharnement. S’il revient sur ses pas, c’est bien pour signaler sa reconnaissance de l’injustice qui a été commise, et s’indigner de l’acte odieux qui s’en est suivi. Il essaie alors une réparation, une réparation qui consistera à habiller, à couvrir, à honorer le corps de Jésus : après avoir acheté un linceul, Joseph descendit Jésus de la croix et l’enroula dans le linceul, et le déposa dans une tombe (v46).
Contrairement aux personnes qui dans l’empire mourraient par pendaison, Jésus a reçu une sépulture digne (linceul et tombeau), de la main d’un dignitaire qui avait deux casquettes, celle du droit et de la religion. C’est une injustice reconnue par un membre du Conseil, une réparation courageuse du crime, et un rétablissement humain de la dignité d’un supplicié. Même si la réparation ne ramène pas à l’instant Jésus à la vie, elle a une fonction, celle de témoigner fortement envers et contre tout, de la singularité de Jésus. Témoigner, c’est aussi affirmer un nouveau positionnement idéologique.
Un pareil geste nous bouscule aujourd’hui, une pareille attitude pointe du doigt nos peurs en église. Combien de fois la peur pour des raisons diverses, et le manque de courage d’affronter des personnes à fort caractère nous empêchent-ils de nous positionner clairement contre l’injustice, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’église?
La justice a un prix ; il faut surmonter sa peur et oser. Il faut oser se rapprocher de celui qui subit l’injustice et se détourner des idéaux de celui qui commet l’injustice. La parole de Dieu ce jour pose aussi la question de notre engagement, au sein de l’église et de la société : qu’est-ce qui motive nos positionnements face aux défis qui surgissent dans nos cercles, pour quelle justice nous engageons-nous? Joseph d’Arimathée s’est désolidarisé courageusement et clairement de la décision de son groupe, il a fait volteface, il a suivi Jésus et a signifié à sa manière, son indignation.
PRIERE
Seigneur notre monde connaît encore des délateurs, des exécuteurs sans vergogne, et des injustes. Face à eux, nous voulons placer l’humilité, le courage et la dignité des justes : que notre foi repose sur Ta crainte, et que ton Esprit inspire nos pensées et notre agir. Par Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur. Amen.
Pasteure Priscille Djomhoué