"Se réformer sans cesse"

En octobre nous pensons à la Réforme Protestante. La réforme s’entend comme le changement que l’on apporte afin d’obtenir de meilleurs résultats. Pour les protestants, c’est la conséquence qui a suivi l’audace de nombreux chrétiens depuis la nuit des temps, lequel consistait à se lever contre les dérives des lectures des Saintes Ecritures et du gouvernement de l’institution religieuse. Malheureusement ou heureusement, elle s’est soldée non pas par un changement à l’intérieure mais par la séparation d’avec l’église catholique romaine, et la naissance de ceux qu’on a appelé protestants.

En effet, la grogne des fidèles (silencieuse ou exprimée) qui ne s’est jamais arrêtée a connu son point culminant le 31 octobre 1517, lorsque Martin Luther affiche 95 thèses sur les portes de la chapelle du château de Wittenberg. Nous n’oublions pas tous les pré-réformateurs, et tous les chrétiens qui ont payé de leur vie, leur courage de contester un ordre à leurs yeux contraire à la parole de Dieu.

Dieu merci, l’un des principes des protestants, c’est « se réformer sans cesse ». Les confusions que l’on observe dans un monde en pleine mutation ont des répercussions importantes dans l’Eglise qui elle aussi passe par des crises. Est-ce que le moment n’est pas venu pour l’Eglise de Jésus-Christ, de se reposer des questions sur les fondamentaux de la foi chrétienne, avant de réfléchir sur la manière selon laquelle elle doit les reformuler de manière à apporter une réponse adéquate à la crise qu’elle traverse aussi bien sur le plan spirituel qu’institutionnel?

Plusieurs approches sont développées:

  • On part de l’évolution de la société pour adapter la foi chrétienne et le gouvernement de l’église, en essayant de mimer l’organisation structurelle du monde séculaire: le risque, c’est de s’éloigner de l’objectif et surtout de présenter une foi qui n’a plus d’intérêt. Les enfants, les hommes et les femmes accablés par un monde rude viennent chercher refuge dans l’Eglise. Ils viennent surtout chercher dans l’église, ce que le monde ne leur donne pas.
  • On part d’une lecture littérale des Ecritures, et on veut faire appliquer à la lettre ce qui est écrit. Le risque est encore plus grand, d’essayer d’appliquer ce qui n’est pas compris, car plus de 2000 ans nous séparent de ce qui est écrit, et qui est perçu littéralement. L’effort de lecture et de compréhension de la Parole est une nécessité si on la veut saisir. Il faut alors se poser la question de savoir ce qu’on recherche : la lettre de l’écrit, ou la Parole de Dieu ?
  • On part aussi de ses désirs personnels, et on choisit des extraits de textes coupés de leurs contextes pour faire valider ce qu’on voudrait pour soi-même : on essaie d’ « adapter »; la Bonne Nouvelle doit s’appliquer à tous, et pour la gloire de Dieu. La dimension communautaire de la foi chrétienne n’est pas optionnelle, et ce qui est Bonne Nouvelle pour moi l’est aussi pour mon prochain. Il n’y a pas d’églises et de chrétiens privilégiés ; les assemblées qui se constituent au nom de Jésus-Christ rassemblent des personnes qui s’acceptent mutuellement, comme le fait Christ dont ils sont des disciples.

Comment poursuivre la réformation de l’Eglise de Jésus-Christ pour qu’elle travaille efficacement à promouvoir le Royaume promis auquel nous aspirons?

Il n’y a pas de recette miracle. Mais l’importance de revenir aux fondamentaux de la foi chrétienne, et de réfléchir sur sa reformulation est signalée. L’enjeu est l’obéissance : l’obéissance et la fidélité à un engagement de suivre le Christ et de faire SON œuvre. Si nous devons reformuler la Bonne Nouvelle, c’est pour qu’elle reste Bonne Nouvelle, pas pour une élite, mais pour tout le monde, pour la création toute entière. Voilà pourquoi l’Eglise de Jésus-Christ, en ce siècle de confusion est plus que jamais interpelée.

Que nos lectures de la Parole de Dieu nous poussent, avec l’éclairage de l’Esprit Saint, à agir pour que notre communauté, notre église et le monde soit le reflet du Royaume que nous attendons.

Bonne fête de la Réformation

Pasteure Priscille Djomhoué