Pour qu'ils soient un!

« pour qu'ils soient un comme nous sommes un » (Jean 17,11b).

La mise en place du mouvement œcuménique au XIXe siècle avait une seul préoccupation, celle de vivre la parole de Dieu en rendant manifeste cette volonté ardente du Christ de garder l’unité de ses disciples qu’Il s’est acquise. La prière du Christ n’est pas une demande qui doit être exaucée dans le futur, car cette unité est une réalité qu’il faut arborer. Il y a dans sa prière une invitation précise adressée à ses disciples, laquelle consiste à faire une démarche concrète, un déplacement physique et psychologique nécessaire pour entrer dans ce projet d’unité pour lequel il a déjà été exaucé par son Père.

Le mouvement œcuménique s’est alors efforcé de rassembler les dénominations sur le plan organisationnel pour rendre visible d’une part leur appartenance au corps du Christ, et d’autre part le témoignage de l'Église. C’est un premier pas. L'unité pour laquelle Jésus prie, cependant, est plus profonde ; il ne s’agit pas de se retrouver physiquement ensemble quelques moments de l’année, autour de quelques préoccupations commune ; les confessions sont conviées par-delà leurs divergences, à une unité de cœur et de but. Il faut alors courageusement ouvrir les yeux sur les désunions au sein des dénominations, dans les communautés et parmi les chrétiens pris individuellement, de telle sorte que les pensées et les pratiques (rituels), si différentes soient-elles, ne soient plus sources d’éloignement. En effet, nos différences sont des couleurs qui égaient, qui surprennent constamment, et nous sortent de la monotonie qui risque de rendre nos pratiques fatigantes. Le même Christ se manifeste dans la diversité.

Les chrétiens de certaines confessions travaillent déjà ensemble sur les plans théologique, spirituel et social : il y a même eu sur le plan structurel et organisationnel des fusions concrètes pour former des Eglises Unies. Mais tout commence au niveau individuel : la semaine de l’unité interpelle aussi les chrétiens, à cesser de se battre les uns contre les autres, pour orienter leur combat vers le mal, la souffrance, la misère, la maladie, la violence, la morosité, l’ennuie etc., « Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. Ephésiens 6,12.

Derrière la semaine de l’unité des chrétiens, il ne s’agit pas de demander à Dieu une unité qui tomberait du ciel, mais de se mobiliser physiquement, psychiquement, socialement, racialement, à la rencontre de l’autre, au nom du Christ dont nous formons le corps. C’est beaucoup plus une question d’obéissance que de spéculation sur la normalité ou pas de ce qui nous différencie, car ce qui nous différencie n’est pas le problème.

La nature ne nous apprend-elle pas beaucoup à ce sujet ? Le psalmiste avait vu juste ! La beauté, c’est dans l’ouverture : nous ne saurions jamais admirer la beauté entière d’une rose ou d’une fleur qui ne s’ouvre pas. C’est lorsque la fleur s’ouvre, qu’elle déballe toute la splendeur de ses couleurs: s’ouvrir et s’épanouir ? Se fermer et se crisper ?

Pasteure Priscille Djomhoué