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Joyeuses Pâques 2024 !!!

En route vers Pâques : Oser encore parler de sainteté dans l’Eglise ?

S’il y a un mot devenu tabou dans la chrétienté post moderne, c’est celui de sainteté ; pourtant, c’est essentiellement ce pour quoi nous nous engageons lorsque nous devenons chrétiens. Faudrait-il encore se poser la question de savoir si christianisme rime avec sainteté ? La préoccupation ne se situe pas à ce niveau, car tout est si bien dit dans la Bible, Rechercher la sainteté est une recommandation: « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lévitique 19, 2). Cette nécessité est reprise en écho par Jésus: « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mat 5, 48). Le Carême se présente donc comme une période du temps liturgique pendant laquelle le chrétien est invité à réfléchir et à chercher la sainteté. Mais, c’est quoi la sainteté ?

Pour le dire simplement, la sainteté, n’est pas une question de perfection stricto sensus ou de performance, car il me semble que l’humain ne détient ni l’instrument, ni le critère véritable de sa mesure ; Platon aurait donc raison de penser que la perfection se trouve dans un monde qui n’est pas le nôtre, un monde auquel nous n’avons pas accès tant que nous sommes dans cette chair. Par conséquent humainement parlant, nous nous faisons une idée de la perfection, sans en connaître vraiment les contours. Voilà la raison pour laquelle, il faut rester humble et s’en remettre à celui qui est parfait.  La sainteté sera donc l’union au Christ à laquelle tous les baptisés sont appelés ; c’est une affaire d’accueil et d’amour, une expérience de la miséricorde et de la grâce divine. C’est un amour reçu du Christ et donné au Christ et au prochain. Les fruits qui témoignent de la sainteté dans la vie du chrétien sont : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi » ( Ga 5, 22b et 23a).

Le christianisme institution, comme d’autres institutions humaines est en lutte. Il se bat pour sa survie, pour rester vivant et utile. Mais son véritable défit, c’est de retrouver au cœur des confusions multiples, son essence, cette flamme qui ne s’éteint pas. Mais prononcer le mot sainteté convoque aussi bien de la part du chrétien que du non chrétien, une réaction allergique. « Non, je ne suis pas parfaite, faudrait pas me demander d’être parfaite, je préfère rester comme je suis. » Un discours qui arrive toujours comme une scie, pour couper la branche sur laquelle sont assis les chrétiens, (et par ricochet l’humanité qui ne se réalisera pas parfaitement sans se référer à celui qui est parfait et qui l’a créé). Pourtant l’essence du christianisme c’est bien de courir vers la perfection, même s’il est clair que la perfection est un but que nous atteindrons lorsque nous ne serons plus dans l’enveloppe charnelle qui nous porte :

Non que j'aie déjà obtenu tout cela ou que je sois déjà devenu parfait ; mais je m'élance pour tâcher de le saisir, parce que j'ai été saisi moi-même par Jésus Christ. 13 Frères, je n'estime pas l'avoir déjà saisi. Mon seul souci : oubliant le chemin parcouru et tout tendu en avant, 14 je m'élance vers le but, en vue du prix attaché à l'appel d'en haut que Dieu nous adresse en Jésus Christ. 15 Nous tous, les « parfaits », comportons-nous donc ainsi, et si en quelque point vous vous comportez autrement, là-dessus aussi Dieu vous éclairera. (Philippiens 3, 12-15)

Nous sommes en route vers Pâques, et notre ADN en tant que chrétien c’est de se préparer en prêtant attention à notre sanctification. Comme Jésus qui est conduit au désert pour être testé par le même Esprit qui est tombé sur lui à son baptême (Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. » (…) Alors Jésus fut conduit par l'Esprit au désert, pour être tenté par le diable. (Matthieu 3,17- 4,1) le chrétien a besoin de faire ses preuves, et de revoir la manière selon laquelle il pratique sa foi et fait ses choix dans les méandres d’une vie qui de plus en plus soumet aux épreuves les plus hardis.

Il faut s’assumer, il faut combattre le bon combat qui est d’oser cheminer dans la direction de la perfection, du bien, de l’humanisation, du refus de toute sorte de choses qui rendent esclave d’une promesse de richesse, de biens et de pouvoir gratuits ; esclave des décisions, d’actions qui détruisent au lieu de construire, esclave de ce qui fait du mal au lieu de procurer du bien, esclave de ce qui trouble au lieu d’apporter la paix : c’est une vocation, et c’est un défis que d’aspirer à la sanctification. Ce n’est pas un péché, cela ne relève pas du dogmatisme, mais au contraire de la réalité de la foi chrétienne qui justement n’est ni une idéologie, ni une philosophie mais une vie.

Pendant cette période du carême, que le Seigneur vous mette à coeur de travailler à votre régénération de telle sorte que la célébration de la Résurrection de Jésus à Pâques soit pour vous aussi une résurrection, un renouvellement, un nouveau départ nourrit de l'énergie qui découle des fardeaux que vous avez décidé de déposer pendant votre marche vers la perfection.

Que l’Esprit de Dieu se tienne à vos côté, pour marcher jusqu’à l’aube de Pâques.

Joyeuses Pâques !

Priscille Djomhoué, Pasteure

 
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