Vers la célébration de la passion et la Résurrection du Christ

 

Le 2 mars 2022 commence le Carême ; nous entrons ainsi dans la période qui prépare la célébration de la passion et la Résurrection du Christ. Que faut-il savoir, pour quelle implication pratique dans notre spiritualité?

La mort de Jésus est interprétée comme un sacrifice, « car le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Marc 10,45). Voir aussi (Galates 1,4:Romains4,25;5,8; 8,32; Ephésiens5,2; 1Corinthiens15,3: Matthieu20,28; Marc14,24; 1Pierre2,21-24. 

Jésus est alors perçu pour le chrétien, comme le sacrifice ultime qui met fin aux sacrifices d’animaux. Dans ces conditions, peut-on encore parler de sacrifice après que les chrétiens se soient séparés de la synagogue ? Autrement dit y a -t-il une dimension sacrificielle dans la vie du chrétien aujourd’hui? Si oui quel est son sens ?

L’Eglise est faite des disciples du Christ ; le disciple c’est l’élève, c’est quelqu’un qui reçoit et qui adhère aux enseignements d’un maître pour les appliquer. Le chrétien en tant que disciple a vocation à suivre les pas de son maître, à poursuivre sa mission. Or la mission du Christ, fondamentalement est basée sur le don de soi, une matérialisation de l’Amour qu’il incarne. Aucune vocation chrétienne ne peut donc de départir de l’amour, et surtout du don de soi, du sacrifice. Seulement, comment comprendre le sacrifice auquel doit consentir le chrétien, après le sacrifice ultime que Jésus a fait de sa vie ?

Le sacrifice sans lequel toute vie de chrétien n’est pas accomplie ne s’entend ni comme un masochisme ni comme un sadisme : il ne s’agit pas de se faire souffrir ou encore de faire souffrir l’autre, au contraire il est question en pratique, de vivre les enseignements du maître de manière à garantir ou à se redonner sa dignité, ainsi que celle du prochain quel qu’il soit. Voilà pourquoi dans l’église et dans la vie du chrétien, aucune raison ne peut justifier une souffrance perpétrée ou occasionnée volontairement sur soi ou sur l’autre, comme condition à une quelconque communion avec Dieu.

Par la foi, par le baptême, les chrétiens deviennent « participants du Christ » (Hébreux 3,14). Ils sont un peuple sacerdotal chargé de faire de leur vie un « sacrifice spirituel » (1 Pierre 2,4-10). Le sacrifice est donc cette vie de foi et de témoignage rendu au Christ au quotidien (Philippiens 2,17 ; Hébreux 13,15). C’est une vie de partage et d’entraide avec les frères et sœurs qui sont dans le besoin (Hébreux 13, 16), à l’exemple de Paul qui organise la collecte en faveur des frères de Jérusalem qui souffrent de la famine.

En demandant aux frères de s’offrir comme sacrifice [«  Offrez-vous vous-même en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu (Romains 12,1)], Paul  voudrait simplement dire que la vie du chrétien doit produire ce qu’il a appelé les « fruits de l’Esprit » : l’amour, la qualité du rapport à l’autre, le pardon, la réconciliation, la justice sur les plans (y compris les justices économique, sociale, culturelle, raciale, tribale etc.)

Faire de sa vie une pratique de la justice et de la miséricorde est possible grâce à l’action de l’Esprit Saint qui est à l’œuvre dans la vie du chrétien. Si pendant le carême le chrétien prie, jeûne, partage et pardonne, il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas de le faire seulement pendant cette période qui va du 2 mars jusqu’à la crucifixion. Ce cours temps invite au ressourcement, ce temps de préparation permet au chrétien de réfléchir sur sa vocation, de l’évaluer, et de prier pour que l’Esprit Saint le régénère de telle sorte que sa vie toute entière, au quotidien, soit un carême ou un jeûne au sens du prophète Esaïe : « Voici le jeûne auquel je prends plaisir: détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. » (Esaïe 58,6-8)

Que la grâce de Dieu vous accompagne!

Pasteure Priscille DJOMHOUE

 
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